Visiteurs venus du froid (2) : la Buse pattue
Voir aussi mon album photo éponyme : "Visiteurs venus du froid (2) : la Buse pattue".
L'hiver 2010/2011 n'en finit pas, ainsi, de nous révéler son lot de surprises ornithologiques.
Quelques jours après que douze Cygnes chanteurs ont été localisés à l'Est de la Dombes, un ornithologue [1] repère une Buse pattue à proximité d'Ars sur Formans. La probabilité est rarissime de découvrir, et d'identifier une Buse pattue Buteo lagopus parmi la masse de buses variables Buteo buteo hivernantes - bien supérieure à l'effectif estival- omniprésentes sur le bord des routes où, en hiver, les opportunités de se nourrir à bon compte de proies écrasées sont nombreuses. Il fallait donc bien pour cela un ornithologue confirmé.
Celui-ci a-t-il été interpellé par la relative indifférence de ce rapace littéralement scotché autour d'un rond-point à grande circulation, dans l'immédiate proximité de Villefranche-sur-Saône ? Ou lorsqu'elle chassait en vol stationnaire dit du "Saint-Esprit" ? Ce comportement occasionnel chez la Buse variable étant plus caractéristique de la "pattue".
Faire la différence entre les deux espèces de buses est un véritable exercice de style, surtout si on considère la variabilité des plumages de la Buse variable ! Pour faire court, la Buse pattue se reconnait essentiellement au vol à sa queue blanche, ou pâle, avec une (ou plusieurs) barre terminale - ou plutôt subterminale -sombre, à ses "poignets" également sombres vus de dessous, et à une large zone ventrale sombre également. Au repos, ses tarses (les pattes) semblent plus courts que ceux de la Buse variable et surtout sont emplumés.
La Buse pattue est un visiteur hivernal arctique : elle nous gratifie de sa présence pour un second hiver consécutif. En 2007, le CORA ne recensait que 3 citations datant de 1948, 1983 et 1988 ! Sa distribution hivernale s'arrête en principe à nos frontières septentrionales et orientales. En fait, là où s'arrête la distribution estivale de la Buse variable vers le Nord, la Buse pattue la remplace : c'est essentiellement une buse de la toundra où elle se nourrit essentiellement de micro-mammifères , tels que les campagnols.
Celle qui nous rend visite est un jeune.
Son comportement peut paraître déconcertant : elle chasse à l'affût depuis les panneaux indicateurs qui bordent un nœud routier extrêmement fréquenté, plonge sur ses proies par devant les véhicules, se complait à trôner sur un jeune cèdre qui matérialise le centre d'un rond-point. L'oiseau n'a-t-il jamais eu de contact avec l'homme ? Ou bien au contraire, vient-il d'un milieu fortement anthropisé (postulat certes sujet à discussion, car au cœur du grand Nord...) ? Rapidement devenue coqueluche de la communauté ornithologique et photographique locale, elle peut faire montre de quelque lassitude, à changer de perchoir plus fréquemment qu'elle ne le désire, au risque de de multiplier ses risques de collision avec les véhicules. C'est la difficile rançon de sa rareté en ces lieux. Bref, ayant profité également de son apparente passivité, nous souhaitons collectivement que les conditions qui l'ont poussé à stationner en Dombes favorisent sa survie et non l'inverse...
La 1ère version de cet article est rédigée à la mi-janvier 2011. Une conclusion tristement prémonitoire : ce splendide visiteur, trouvera finalement la mort "au bout de la route" un mois plus tard, aux environs du 20 février, percutée par un véhicule...Quelques photos de Buse variable : testez votre capacité à faire la différence
- Maxime Birot-Colomb [↩]
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