Dombes, d’hommes et d’oiseaux La passion de la Dombes

24oct/10Off

Du rififi dans les saules : hérons et Spatule

Les bourrelets argentés des saules sont agités des allées et venues incessantes de petits hérons, blancs, ou gris. Le brouhaha qui émane des lieux évoque un jour de marché à Louhans, ou encore les trois Glorieuses – la célèbre fête régionale à la gloire du Poulet de Bresse.

Cela caquette, cela déblatère, cela croasse.

Plusieurs espèces de hérons, et récemment la Spatule blanche ont installé leur colonie en une tour de Babel où se côtoient petits et grands hérons gris et blancs.

Ailleurs ce sera sur un ilot, dans une aulnaie humide et reculée, dans un bois de chênes.

Culminant aux plus hautes branches de celui-ci, se trouvent essentiellement les lourdes structures de branchages qui caractérisent les colonies de Héron cendré Ardea cinerea. Mais sur l’étang ou au bois, minces plateformes et imposantes aires de branchage se touchent parfois et les crises de palier sont monnaie courante.

Depuis les bas branchages qui surplombent la surface de l’eau, un Bihoreau gris, pêcheur de la nuit, traque le fretin au travers de son propre reflet, comme monopolisé par une attention narcissique.

Le Héron cendré

Lorsque le grand Cormoran déferle sur la Dombes et le reste du pays en 1990, il remplace immédiatement le Héron cendré Ardea cinerea dans les préoccupations du monde piscicole qui le considérait jusque là comme son seul réel concurrent.

Depuis toujours le Héron cendré était le 1er et même le seul de son groupe spécifique à se regrouper sur les étangs dès que la vanne était ouverte.

Sa population s’accroit après sa protection en 1975.

Moins que la population nicheuse, ce sont les hérons qui trouvent les étangs sur le chemin de leur dispersion postnuptiale et automnale, dont une partie provient d’Europe centrale, qui commencent à inquiéter.

Le Héron cendre niche en colonies le plus classiquement en milieu forestier. Il niche moins souvent sur les étangs : les nids sont alors construits sur des amas de branchages provenant d’un retroussement d’étang, ou sur les saules d’un ilot, régulièrement en compagnie d’autres espèces de petits hérons.

Depuis vingt ans, bien que le nombre de ses colonies augmente progressivement, le nombre de couples nichant en Dombes est stable : l’effectif moyen des colonies diminue donc. L’exploitation des parcelles forestières où se reproduit l’essentiel des hérons est sans doute le principal facteur pondérateur de leurs effectifs. La délocalisation de couples après une exploitation partielle ou complète du site de nidification explique en grande partie l’augmentation du nombre des colonies.

Population actuelle :


L’effectif nicheur doit être considéré comme globalement stable à légèrement fluctuant depuis 1994. Les effectifs reproducteurs sont estimés à 1121 couples répartis en 20 colonies en 2010, après avoir atteint un maximum de 1186 couples en 8 colonies en 1996. Il n’a pas retrouvé les effectifs maximums enregistrés en 1996 sur un nombre de colonies inférieur de moitié (n=8), soit 1186 couples, effectif approché en 2002 avec 1173 couples.

A titre indicatif, la population française est estimée entre 28000 et 32000 couples en 2002.

La population automnale s’accroît de 5,9% par an sur la période 1991/2009.

Les "petits" hérons

La Dombes revêt un intérêt national pour ces espèces dont 3 sont concernées par la Directive Oiseaux : le Bihoreau gris, l’Aigrette garzette, le Crabier chevelu.

Le plus abondant de tous, le Héron garde-bœufs Bubulcus ibis n’est pas inscrit au titre de cette directive.

Héron gardeboeufs

Plus récemment les ont rejoints deux espèces perçues différemment par les dombistes : chronologiquement la Grande Aigrette et la Spatule blanche.

Populations actuelles :

Les quatre espèces de petits hérons totalisent 700 à 900 couples en 2008, environ 700 couples en 2009 répartis sur 9 colonies connues :

- Héron garde-bœufs : 335 couples minimum

Héron gardeboeufs

Héron gardeboeufs (bec jaune orangé) et Aigrette garzette (bec noir, pattes jaunes)

- Bihoreau gris : 239 couples minimum

Bihoreau gris/adulte

Bihoreau gris : un juvénile dont le plumage est peut-être à l'origine d'une confusion fréquente en fin d'été, avec le rare Butor étoilé ; localement le Bihoreau est souvent appelé "butor".

- Aigrette garzette : 105 couples minimum

Aigrette garzette : son plumage aura failli signer sa perte

- Crabier chevelu : deux à trois couples durant la majeure partie des années 90, 8 à 10 couples dans une colonie en 1999. L’effectif est fluctuant sans être jamais abondant. Plus d’une centaine d’adultes – méditerranéens ou locaux ? - ont pu être observés simultanément en juin et juillet (2006, CORA, ONCFS).

Ce Crabier vient de capturer un (autre) prédateur de têtards : une larve de Dytique.

Crabier chevelu

Crabier chevelu

La Grande Aigrette

Celle qui faillit disparaître pour que les belles du début du siècle puissent arborer ses magnifiques plumes scapulaires sur de larges et ombreux couvre-chefs prend depuis une décennie une revanche qui serait éclatante si son expansion, de type invasif ou peu s’en faut si l’on en juge par l’accroissement des effectifs automnaux n’ajoutait pas au ressentiment ambiant envers les oiseaux piscivores.

...Une augmentation de la population hivernale qui ne laisse pas d'inquiéter les exploitants d'étangs

La Grande Aigrette Egretta alba hiverne régulièrement en France depuis la fin des années 70, mais il a fallu attendre le milieu des années 90 pour que sa nidification soit confirmée presque simultanément sur le Lac de Grand-Lieu et en Camargue puis en Dombes.

Dans chacun de ces sites, l’effectif est, à la fin des années 90, compris entre 1 et 3 couples.

La Grande Aigrette est rarement citée en Dombes avant 1990. A l’automne 1997, 170 grandes aigrettes étaient dénombrées sur un seul dortoir et fin 1999 le même dortoir dépassait 300 oiseaux. Un groupe de 326 individus était observé sur un étang en vidange début décembre de la même année.

Suspectée dès 1995, la première reproduction de l’espèce n’est confirmée qu’au printemps 98 lorsqu’un nid est trouvé dans une grande roselière à phragmites de la Dombes devenue chronologiquement le troisième site de nidification en France.

Un adulte nourrit un jeune au nid

L’origine de sa récente colonisation vers l’ouest de l’Europe et notre pays est mal définie elle peut être rapprochée d’une bonne productivité des populations les plus occidentales, ou encore du report d’oiseaux dont les sites de nidification auraient défavorablement évolué, comme par exemple dans le delta du Danube.

Les grandes populations dont sont originaires les oiseaux qui fréquentent la Dombes se distribuent selon toute vraisemblance depuis l’Autriche et la Hongrie jusqu’en Russie et en Azerbaïdjan.

Population actuelle :

La population estivale stagne à un niveau d’effectifs modestement compris entre 1 et 3 couples annuellement (1 en 2010).

Il n’en est pas de même pour la population hivernante qui culmine courant novembre avec un flux de migrateurs compris entre 1000 et plus de 2000 individus : leur taux d’accroissement annuel est de 44% sur la période 1991/2009. L’effectif indiciaire simultané de novembre 2009 recueilli sur un échantillon de 105 étangs situés en Dombes centrale totalise 833 individus (1000 ind. en 2008).

Directive Oiseaux


La Spatule blanche

Dernière venue des grands échassiers en Dombes la Spatule blanche Platalea leucorodia s’invite dans un contexte écologique qui bien que reconnu défavorable pour la biodiversité dans son ensemble, semble se trouver sur la voie d’une expansion inespérée…Inespérée pour une espèce longtemps en danger – pour laquelle d’ailleurs un plan International de Conservation est actuellement en cours de lancement - et dont la population d’Europe Occidentale, s’accroit depuis une quinzaine d’années.

Première rencontre

Échassier mais non héron. Quoique proche de ces derniers, elle l’est plus encore des ibis avec lesquels elle partage une famille systématique imprononçable et proprement incompatible avec son élégance...mais non avec son originalité : les « Threskiornithidés »

Jusque là visiteuse occasionnelle, après une 1ère tentative de nidification en 1998 qui semble ne pas vouloir se concrétiser au cours des années suivantes, elle apparaît en 2005 au sein d’une colonie de petits hérons.

2005 : une première tentative...

En 2006, 5 à 6 couples se reproduisent pour la 1ère fois avec succès sur les saules qui bordent un petit étang. Il s’agit d’un domaine privé comme toujours ou presque en Dombes. Trois vidanges et pêches estivales consécutives, contrairement à la pratique générale locale, ne semblent pas perturber la reproduction de cette espèce, contrairement d’ailleurs à d’autres strictement paludicoles présentes sur le site : les roselières exondées sont plusieurs fois abandonnées par hérons pourprés et blongios.

En 2006 naissaient pour la première fois des spatules en Dombes

L’origine des spatules nichant en Dombes n’est pas clairement définie, mais les données de bagues observées sur des oiseaux qui y stationnent démontrent le véritable carrefour des populations que constitue cette région : Pays-Bas (1988, 1996, & 2009 CORA), Camargue en 2008, Loire Atlantique en 2004 (CORA, ONCFS) !

Population actuelle :

6 ou 7 couples se reproduisent en 2010 (contre 9 ou 10 couples en 2009).  Les effectifs psts-nuptiaux atteignent 44 oiseaux, adultes et juvéniles, migrateurs compris fin août début septembre 2010.

Directive Oiseaux

Nostalgie : l’Ibis falcinelle…

A l’écart des étangs, il faut se forcer à imaginer les canaux du Marais des Echets, à moins d’un demi-siècle de nous, véhiculant mollement ses eaux dans un dédale de roseaux. Un temps révolu où le Courlis cendré Numenius arquata côtoyait le Râle des genêts Crex crex, et le Fuligule Nyroca l’Ibis Falcinelle Plegadis falcinellus et le Butor étoilé : la faune du marais était tout aussi originale que celle du centre Dombes qu’elle complétait magnifiquement.

...Parmi les mouettes

La Dombes est un des rares sites français où l’Ibis falcinelle a consenti à se reproduire. Cela remonte au tout début des années soixante. On détecte sa présence au marais des Echets, au sud du plateau, une large cuvette non connectée aux étangs. L’endroit donnait alors le change au point d’évoquer – du point de vue de l’oiseau - les vastes marécages du delta du Danube où le falcinelle se complaît encore !

Au tournant des années 90 et 2000, le rythme des visites de l’Ibis falcinelle s’est accentué. Partout en France. Isolé ou par petits groupes, ce qui pouvait suggérer une reproduction locale, mais plus probablement encore des retours des quartiers d’hivernage d’Afrique Occidentale, (mars/avril), un erratisme postnuptial des ibis caucasiens ? L’expansion récente de la Grande Aigrette à partir du même berceau centre-européen pouvait constituer le signe avant-coureur de la recolonisation de notre région.

Ce ne fut pas l’Ibis falcinelle : la Spatule blanche, soudain, était là. Mais les récentes évolutions de l'Ibis falcinelle en Camargue  (plus de 400 couples en 2010 !) pourraient bien  se poursuivre par une prochaine réinstallation en Dombes...

La rencontre avec cet oiseau sombre et satiné, à la silhouette déroutante, subjugue et transporte immédiatement vers d’autres horizons, lointains, chargés d’exotisme : le falcinelle est peut-être en route vers le sud du Sahara… Là, il hivernera, rejoint par des centaines d’autres, sur quelque mare résignée à ne pas résister au soleil plus de quelques semaines.

Son sosie américain s’est parfois échappé du parc des oiseaux de Villars les Dombes voisin: l’Ibis de Ridgway. Identification réservée aux spécialistes !

Directive Oiseaux

24oct/10Off

Les voix de l’étang

On peut bien se demander où se cache l’eau, Dombes arpentée, proximité insoupçonnable. La carte d’état major est semblable à une mosaïque où le bleu domine, tous les demi-kilomètres : un étang. Alors où sont-ils tous ? Ils sont nombreux, pourtant, à s’offrir depuis le bord d’un chemin, d’une route départementale. Ils le sont presque autant à se réfugier au dos d’une haie, d’un bosquet, dans un pli de terrain.

Une oreille affûtée décèlera la silencieuse présence de l’eau stagnante en repérant quelques-unes des voix de son peuple.

A l’inverse, la découverte de ce dernier passera par le ré-apprentissage de l’écoute, par une sensibilisation à la reconnaissance des bruits, des sons, des cris et des chants : ceux-ci se révèleront aussi riches de tessitures, de couleurs musicales, de puissance, d’inventivité qu’il existe d’espèces d’oiseaux, de batraciens… Les naturalistes et certains chasseurs expérimentés ne s’y sont pas trompés, qui, ne pouvant franchir toutes les frontières – dont celle de la propriété privée - tendent depuis longtemps l’oreille. Ils reconnaissent le miaulement énamouré du mâle milouin, le raclement émis par leurs femelles à l’envol, un rien plus grave que celui de celles du Fuligule morillon, le puissant appel de la femelle colvert, et le nasillard cancanement du mâle…

Un rire en cascade, émis du fin fond des herbiers aquatiques, dévoile l’identité de l’insaisissable, du minuscule Grèbe castagneux Tachybaptus ruficollis, improprement appelé, ça et là, « plongeon », toujours guerroyant un confrère qui outrepasse les frontières de son territoire.

Grèbe castagneux

Grèbe castagneux

L’Aigrette garzette Egretta garzetta illustre une certaine fable où l’on parle de ramage et de plumage : une grâce immaculée devait sans doute receler un vice… Un croassement d’une rare inélégance par exemple ?

Aigrette garzette

Un aigrelet gazouillis, à la limite de l’audible, précède un trille dynamique : l’invisible Fauvette babillarde Sylvia curruca, nous nargue depuis l’épaisse frondaison d’une haie de grands arbres. Elle, n’est pas un oiseau aquatique. Apparue en Dombes il y a un demi-siècle, la présence de cet oiseau de distribution continentale et alpestre est désormais une spécificité locale.

Fauvette grisette

L’originale hiverne en Afrique orientale, contrairement à la plupart de nos fauvettes, telles la Fauvette grisette Sylvia communis à laquelle elle ressemble tant, ou la Rousserolle effarvatte, qui ont opté pour la plus proche Afrique subsaharienne Occidentale.

Plus communément encore, la queue boisée de l’étang, retentit du cri nasillard et diagnostique de la Mésange boréale Parus montanus. Moins fréquemment, elle nous gratifie de son chant, qu’elle émet déjà au cœur de l’hiver : une triple (ou quadruple) répétition d’une seule note mélancolique et douce, si douce, presque triste, une voix attachante, langoureuse.

Mésange boréale

Mais un plumage parmi les plus ternes de sa vaste famille. La Mésange boréale, en sa sous-espèce dénommée et pour cause « Mésange des saules », niche dans les souches pourries et les troncs creux des aulnes, des chênes. Elle est sans doute le passereau qui caractérise le mieux l’humide frondaison dombiste.

Les oiseaux ne sont pas seuls à se manifester. Le jour faiblissant, l’appel du Blongios nain et plus encore au cœur de la nuit celui des marouettes, émergent au fur et à mesure que le vacarme du concert des grenouilles vertes s’apaise. Un buisson résonne de l’appel incroyablement puissant de la minuscule Rainette arboricole Hyla arborea.

Une voix se mêle à celle des oiseaux : celle de la Rainette arboricole

Le petit monde du roseau

Quel biotope dans notre pays, autre que la roselière, ne recèle autant de mystère, ne procure autant de sécurité aux êtres qui s’y meuvent ? Quelle formation végétale, à cette échelle, et si l’on excepte la forêt pluviale présente un abord aussi compact, aussi impénétrable ? Tout n’est sans doute qu’une question de mesure. Dans l’eau ou même sur la roche, l’homme évoluerait avec plus d’aisance qu’entre les tiges resserrées du phragmite et du typha, qu’entre les butées (les « touradons ») de leurs pieds immergés…Et d’ailleurs que ferait-il en de tels lieux ?

La roselière recèle le peuple le plus discret de l’étang. Pour ses hôtes, nul besoin d’atours autres que la voix : pas de couleurs resplendissantes, ostentatoires, inutiles dans un monde où tous les chats seraient gris. Les oiseaux y sont parés de tons humblement fauves, couleurs de prudence.

Indissociables du roseau, toutes ces voix, de la plus exubérante à la plus monotone, de la plus puissante à la plus confidentielle, en sont l’âme et le charme estivaux, l’Afrique tropicale nous les reprenant pour l’hiver.

Rousserolles…

Rousserolle turdoïde

Le rideau de phragmites s’agite, et bruisse du frottement des tiges : la brise n’y est pour rien. Une irrésistible pulsion verticale entraîne la Rousserolle turdoïde Acrocephalus arundinaceus vers le haut de l’enchevêtrement végétal jusqu’à dominer les deux surfaces, celle de l’eau libre et celle des roseaux.

Rousserolle turdoïde

On s’attend difficilement à ce que quelques grammes de plumes soit responsables de tant de raffut, mais les feuilles du roseau sont sèches et ses tiges serrées. La fauvette doit batailler pour se rapprocher du ciel. Sa voix s’élève, puissante et rocailleuse, malgré quelques tentatives d’éclaircissement totalement infructueuses. Sa taille atteint à peine celle d’une petite grive et pourtant elle domine de sa seule puissance vocale tout le fond sonore de l’étang.

Population actuelle : une des plus importantes de France. Menacée par la réduction de la roselière. Dernière estimation de la population (2004) : 200 mâles chanteurs au minimum, 300 au maximum. Visiteuse d’été uniquement.

Rousserolle effarvatte

Au contraire, la Rousserolle effarvatte Acrocephalus scirpaceus, copie réduite de la turdoïde, ne chante que depuis la sécurisante profondeur de la végétation. On la voit rarement. Et sa voix, est étouffée après quelques mètres. Cela suffit amplement pour contacter le couple voisin, car les territoires de ces petits oiseaux sont très rapprochés. La conversation monotone des effarvattes, sur le ton de la confidence semble soutenir (ou commenter) la performance de la diva, la turdoïde, un ou deux mètres au-dessus d’elles.

Rousserolle effarvatte

La construction musicale des chants de ces deux espèces, est proche : une répétition par paquets de deux, ou trois, de quelques notes de gorge, émaillées de quelques sifflements, mais le tout manquant de l’inventivité coutumière des banals oiseaux de nos jardins, Merle noir, Grive musicienne, Fauvette à tête noire, Rossignol ou autre Rouge-gorge….

Population actuelle : aucune estimation. Quoique moins inféodée à la grande roselière, subit sans aucun doute la diminution de celle-ci. Espèce régulière lorsque le milieu est favorable. Visiteuse d’été uniquement

Phragmite des joncs

Une autre fauvette, très proche des rousserolles, porte le nom de deux des végétaux entre lesquels elle se partage : le Phragmite des joncs Acrocephalus schoenobaenus.

Phragmite des joncs (au sortir du bain)

Il se distingue de l’effarvatte par un comportement nettement plus démonstratif. Posté au su et au vu de tous à l’extrémité d’un phragmite ou d’un rameau de saule, il lance ses notes en les émaillant de coups de sifflets énergiques. Si cela ne suffit pas, il les émettra lors d’une courte envolée au-dessus du marais.

Phragmite des joncs

En fait une version caféinée de la Rousserolle effarvatte.

Population actuelle : en expansion ? Visiteur d’été uniquement

Les locustelles

Les 2 espèces de locustelles sont rares en Dombes. La Locustelle luscinioïde Locustella luscinioides était la plus abondante : quelques dizaines de couples sans doute encore dans les années 1990. Elle ressemble à s’y méprendre à une Rousserolle effarvatte.

Et puis la Locustelle tachetée Locustella naevia, pratiquement absente (plus abondante en prairies de Saône) l’a supplantée : phénomène passager ? Une évolution à suivre…

Toujours est-il que leur chant n’est que longue, très longue stridulation d’insecte : les différencier exige d’avoir entendu les 2 espèces chanter de nombreuses fois et si possible…simultanément ! Les 2 chantent inlassablement depuis la nuit jusqu’aux premières heures du matin…

Locustelle tachetée

Locustelle luscinioïde : un faux air de rousserolle ?

Population actuelle : net déclin de la Locustelle luscinioïde ; expansion récente de la Locustelle tachetée. Les 2 espèces ne totalisent dans doute pas plus de quelques dizaines de couples en Dombes. Visiteuses d’été uniquement.

… Et butors

L’ombre, comme générée par la roselière, la quitte et s’étend sur l’onde. Les heures sont moins chaudes. Du concert des batraciens, tente de s’extraire, avec la régularité d’un métronome, le rôt sonore du Blongios nain Ixobrychus minutus, le plus petit des hérons à vivre sous nos latitudes. Peut-être, chanceux randonneur, l’auras-tu aperçu, plus tôt dans la journée. Il volait à saute-moutons entre les massifs de roseaux : il allait et venait entre ses jeunes affamés et quelque chenal d’eau libre, reculé, mais non dépourvu de proies. Se laissant choir par le haut dans l’amas vert, il en ressurgissait peu après, par le pied de la végétation cette fois.

Blongios nain

L'heure du Blongios

Le Butor étoilé Botaurus stellaris lance au même instant son appel d’outre tombe, et toutes les angoisses refoulées remontent en masse sur le marais : un chariot et ses bœufs ont été avalés par la fange, ici. La légende ne précise pas quand. Elle confond même les étangs où le drame se joua. Depuis, on entend entre le crépuscule et l’aube, ce mugissement, les deux notes d’une corne de brume : l’effroi des bœufs sombrant ou le chant du Butor, qui sait ?

Le plus secret de nos oiseaux daigne s’extirper de l’ombre. L’allure est massive, on sent comme une puissance retenue dans ce corps plutôt courtaud. Le plumage de la plupart des hérons arboricoles [1] est uniforme : blanc ou gris. Celui des hérons « paludicoles » est plus cryptique, plus nuancé : rien, ou presque, ne permet de les distinguer du milieu dans lequel ils se meuvent. Celui du Butor étoilé, semble avoir été confectionné par un Elfe : « Tant que cet habit porteras, invisible tu demeureras. Mais de la lisière des roseaux ne t’écarte.

  1. les hérons qui se reproduisent dans les arbres : Héron cendré, Bihoreau gris, Aigrette garzette, Héron garde-boeufs, Crabier chevelu - au contraire des hérons paludicoles, qui se nichent essentiellement dans la roselière : Butor étoilé, Blongios nain, Héron pourpré. []
24oct/10Off

Vernes et vorgines

Au contact de l’étang, là où les sols se ressuient difficilement, et même demeurent par périodiquement inondés, le Chêne et le Bouleau sont précédés de l’Aulne et du Frêne, eux-mêmes suivis du saule.

L’Aulne glutineux Alnus glutinosa, en peuplements homogènes, conserve toujours l’apparence d’un frêle bois temporaire, d’un gaulis un peu maigrelet, un peu tordu, qui corrobore l’idée ancienne que l’on se faisait du marais : son insalubrité se reflèterait même jusque dans ses ligneux ! On retrouve l'appellation vernaculaire de l'aulne "la verne" dans le nom de plusieurs étangs : Vernay, Vernayes, Vernai [1]...

Aulnaie marécageuse

Une Aulnaie inondable

Au contraire en bourrelets ronds et denses, le Saule – en fait un groupement complexe concernant plusieurs espèces parfois hybridées : Salix alba, cinerea, caprea - est désigné régionalement sous le vocable générique « vorgine ». Il offre des lieux une physionomie plus souriante, bonhomme, un feuillage cendré compact et frémissant.

Une saulaie en queue d'étang

Une saulaie en queue d'étang

Au contraire en bourrelets ronds et denses, le Saule – en fait un groupement complexe concernant plusieurs espèces parfois hybridées : Salix alba, cinerea, caprea - est désigné régionalement sous le vocable générique « vorgine ». Il offre des lieux une physionomie plus souriante, bonhomme, un feuillage cendré compact et frémissant. Il constitue le milieu privilégié par les « petits hérons » Bihoreau gris, Aigrette garzette, entre autres, pour y nicher en colonies.

Une colonie de petits hérons arboricoles dans des saules

Une colonie de petits hérons arboricoles dans des saules

Hérons garde-boeufs & Bihoreau dans des saules

Hérons garde-boeufs & Bihoreau gris dans les saules

Une Mésange boréale

Mésange boréale

La Leucorrhine à gros thorax

L’étagement d’une large succession végétale inondée, depuis la surface de l’eau, jusqu’au stade arborescent qui borde l’étang, ainsi qu’une une charge modérée en ichtyofaune [2] herbivore, favorisent le maintien en Dombes d’une rareté nationale, une Libellule qui est devenue de ce fait, un des enjeux prioritaires de conservation patrimoniale en Dombes (Natura 2000) : La Leucorrhine à gros thorax Leucorrhinia pectoralis est en effet inscrite à l’annexe 2 de la Directive Habitats. Les moyens de sa conservation et de la restauration des milieux favorables sont actuellement appliqués dans le cadre des Mesures Aqua-Environnementales en cours.

Cf. § "Etang sale et biodiversité : Zoom sur la Leucorrhine à gros thorax"

Leucorrhine à gros thorax (Leucorrhinia pectoralis) mâle

Leucorrhine à gros thorax

  1. essentiellement à Joyeux et à Saint-Paul-de-Varax []
  2. Les poissons []