Dombes, d’hommes et d’oiseaux La passion de la Dombes

24oct/10Off

La Forêt

Bien que souvent humide et toujours fraîche, la forêt dombiste n’est abordée ici que dans sa forme terrestre, la chênaie, stade ultime de l’évolution de la végétation sous nos climats [1]. Le taillis sous futaie domine.

Il s’agit d’une formation dominante à Chêne pédonculé Quercus pedunculata. Le Chêne rouvre Quercus sessiliflora est moins fréquent, alors qu’il domine en Bresse. Le sous-étage est classiquement occupé par le Bouleau qui confère par endroits à la région une ambiance septentrionale.

Sous-bois

Bétulaie

Bétulaie (bouleaux)

Chemin forestier et anémones des bois

Un des grands massifs dombistes : la forêt domaniale de Seillon

Les essences forestières ont du s’adapter à la rudesse des conditions pédologiques. L’argile et la silice confèrent au sol de Dombes son caractère hydromorphe, contradictoire : la 1ère séchant et se rétractant au point de devenir dure comme du « béton » en saison sèche, la 2nde s’imbibant et devenant imperméable en saison humide.

Sinon dans l’est et le nord du plateau, peu de grandes et surtout de vieilles futaies se révèlent propres à accueillir certains oiseaux cavicoles : Pic mar Dendrocopos medius, Gobe-mouches gris Muscicapa striata, ou Rouge-queue à front blanc Phoenicurus phoenicurus.

Le Pouillot fitis, un Pouillot au statut incertain : chante en avril, puis, plus rien...

Rouge-gorge

Le Rouge-gorge, un oiseau familier

Pinson des arbres, mâle

Le Pinson des arbres : un chant parmi les plus communs de la forêt, partout en France

De ce fait, les peuplements ornithologiques forestiers manquent ici d’originalité en comparaison des régions voisines : Bresse, et surtout Bourgogne. On retrouve en tête de liste surtout les espèces standards de toutes nos forêts de plaine : Fauvette à tête noire Sylvia atricapilla, Pinson des arbres Fringilla coelebs, Pouillot véloce Phylloscopus collybita, Rouge-gorge Erithacus rubecula, Pic épeiche Dendrocopos major et Pigeon ramier Columba palumbus… Et en fin de liste, parmi les espèces les moins fréquentes, on citera quelque Pouillot siffleur Phylloscopus sibilatrix ou Gros-bec casse-noyaux Coccothraustes coccothraustes.

Bondrée apivore

Bondrée apivore

Pic épeiche : mâle nourrissant un jeune dans un bouleau

Pic épeiche

On surprendra, au détour d’une lisière, une Bondrée apivore Pernis apivorus, grattant le sol de ses pattes habiles, en quête d’un nid de guêpes ou d’abeilles. Au cœur d’une parcelle en régénération, qui jouxte la plaine, un couple de Busards Saint-Martin Circus cyaneus aura dissimulé son aire terrestre entre les ronces et les fougères, base de départ vers son territoire de chasse plus loin dans la grande plaine. Un Faucon hobereau Falco subbuteo s’élèvera, peut-être de la même coupe, et s’en ira chasser les libellules et les coléoptères, d’un vol nerveux, au-dessus de l’étang voisin.

Dans les années 1990, un nouvel arrivant a rapidement colonisé la forêt dombiste : le continental et imposant Pic noir Dryocopus martius.

Pic noir

Une colonisation bien réussie : le Pic noir quitte la forêt et niche jusque dans les platanes des bords de routes

C’est aussi au cœur de la chênaie au contact de l’étang que s’installent dans une relative discrétion vu leur nombre, leur taille…et le vacarme des jeunes quémandant leur nourriture, les colonies de hérons cendrés Ardea cinerea. Les peuplements les plus âgés leur procurent les assises les plus solides, les plus aptes à supporter leurs lourdes constructions de branchages.


  1. On qualifie ce stade d’évolution de formation « climacique » : ici, il s’agit de forêt caducifoliée, à Chêne pédonculé dominant. Ailleurs, ce pourrait être par exemple la garrigue (Méditerranée), la taïga et la toundra (régions arctiques et polaires), la forêt pluviale, ou le désert. []