Dombes, d’hommes et d’oiseaux La passion de la Dombes

20déc/10Off

L’oiseau et l’habitat rural

Chantant face à face sur les pignons opposés d’une même grange, un Rouge-queue noir et une Bergeronnette grise se doutent-ils qu’il fut un temps, tous deux se côtoyaient sur les bords des torrents, des rochers et des pâturages de montagne ? Progressivement, accompagnant l’homme et ses constructions, ils ont descendu les vallées, colonisé les plaines, adossant leur nid dans l’anfractuosité d’un pisé, sur une poutre, sous un toit. Leurs nouveaux lieux de vie, comme leur plumage couleur de roche, les relie encore.

Bergeronnette grise

La Bergeronnette grise devint la commensale des mouettes, poursuivant avec elles la charrue avec assiduité. Peut-être est-ce là, l’histoire de la « lavandière » des champs et des villes, des cours de ferme et des églises, des eaux vives et moins vives.

Le Rouge-queue noir ne s'éloigna pas des cheminées…

Rougequeue noir/femelle...

...mâle

Tous deux appartiennent à cette catégorie faunistique, qui, à défaut de placer en l’homme leur confiance, a appris comment en profiter. La Tourterelle turque, les hirondelles, ou encore les chouettes – Effraie, mais également la Chouette hulotte, et la Chevêche d’Athéna - ont fait de même.

... La Chouette hulotte

...La Chouette hulotte : le Chat-huant

Du peuple de la nuit : la Chevêche...

...L'Effraie des clochers...

A dire vrai, nous aussi, en tirons avantage. Leur présence anime les frontons et les toits de nos villages. Parfois, aux soirs de fin d’été, avant leur départ vers le sud, les bergeronnettes exposent bruyamment leurs querelles de dortoir, papillonnant par dizaines dans l’éclairage public. Ces présences, rassurantes ont, ici et là, quelque peu pris le pas sur celle d’un Moineau domestique, moins inévitable qu’autrefois.

Une question légitime : où sont passés les moineaux du temps jadis, dont les colonies bruyantes dans des HLM de foin suspendus animaient le quotidien des villages ?

Stigmate d’une évolution inéluctable, le délabrement d’un bâtiment de ferme, témoigne de l’abandon de l’exploitation. Il expose douloureusement son pisé à une léprosité galopante vite exploitée par les Etourneaux et autres Moineaux.

Etourneau sansonnet

Parfois une Huppe fasciée en mal de bocage et des multiples caches que recèlent ses troncs y trouve une cavité satisfaisante.

Huppe fasciée

Là, une autre ferme, plus chanceuse, a été récemment restaurée : elle a retrouvé tout son cachet en perdant sa fonction première. Le patrimoine est sauf. Mais, après le départ des bestiaux, les hirondelles rustiques et celles des fenêtres ne trouvent que peu de raisons de s’attarder. Si elles restent, elles encourent le risque de rebâtir, encore et encore, avec l’abnégation d’un Sisyphe, les nids dont elles trouvent, inexplicablement, les ébauches fracassées gisant sur le sol.

Hirondelle de fenêtre : construction du nid

La trop bruyante Effraie devient indésirable. Le Faucon crécerelle s’expatrie : finalement, le nid d’une Corneille lui conviendra. Rouge-queue noir, Bergeronnette grise et mésanges colorées s’y sentent encore chez eux.

Inévitable Mésange charbonnière dans une boîte à lettres !

Imperturbable dans son irrésistible conquête de l’Ouest, la Tourterelle turque se contentera sans complexe d’une poutrelle métallique au faîte d’une stabulation ou d’un hangar en tôles.

La conquête de la Tourterelle turque passe par sa capacité d'adaptation aux milieux les plus divers, notamment urbains.