Dombes, d’hommes et d’oiseaux La passion de la Dombes

24oct/10Off

Du rififi dans les saules : hérons et Spatule

Les bourrelets argentés des saules sont agités des allées et venues incessantes de petits hérons, blancs, ou gris. Le brouhaha qui émane des lieux évoque un jour de marché à Louhans, ou encore les trois Glorieuses – la célèbre fête régionale à la gloire du Poulet de Bresse.

Cela caquette, cela déblatère, cela croasse.

Plusieurs espèces de hérons, et récemment la Spatule blanche ont installé leur colonie en une tour de Babel où se côtoient petits et grands hérons gris et blancs.

Ailleurs ce sera sur un ilot, dans une aulnaie humide et reculée, dans un bois de chênes.

Culminant aux plus hautes branches de celui-ci, se trouvent essentiellement les lourdes structures de branchages qui caractérisent les colonies de Héron cendré Ardea cinerea. Mais sur l’étang ou au bois, minces plateformes et imposantes aires de branchage se touchent parfois et les crises de palier sont monnaie courante.

Depuis les bas branchages qui surplombent la surface de l’eau, un Bihoreau gris, pêcheur de la nuit, traque le fretin au travers de son propre reflet, comme monopolisé par une attention narcissique.

Le Héron cendré

Lorsque le grand Cormoran déferle sur la Dombes et le reste du pays en 1990, il remplace immédiatement le Héron cendré Ardea cinerea dans les préoccupations du monde piscicole qui le considérait jusque là comme son seul réel concurrent.

Depuis toujours le Héron cendré était le 1er et même le seul de son groupe spécifique à se regrouper sur les étangs dès que la vanne était ouverte.

Sa population s’accroit après sa protection en 1975.

Moins que la population nicheuse, ce sont les hérons qui trouvent les étangs sur le chemin de leur dispersion postnuptiale et automnale, dont une partie provient d’Europe centrale, qui commencent à inquiéter.

Le Héron cendre niche en colonies le plus classiquement en milieu forestier. Il niche moins souvent sur les étangs : les nids sont alors construits sur des amas de branchages provenant d’un retroussement d’étang, ou sur les saules d’un ilot, régulièrement en compagnie d’autres espèces de petits hérons.

Depuis vingt ans, bien que le nombre de ses colonies augmente progressivement, le nombre de couples nichant en Dombes est stable : l’effectif moyen des colonies diminue donc. L’exploitation des parcelles forestières où se reproduit l’essentiel des hérons est sans doute le principal facteur pondérateur de leurs effectifs. La délocalisation de couples après une exploitation partielle ou complète du site de nidification explique en grande partie l’augmentation du nombre des colonies.

Population actuelle :


L’effectif nicheur doit être considéré comme globalement stable à légèrement fluctuant depuis 1994. Les effectifs reproducteurs sont estimés à 1121 couples répartis en 20 colonies en 2010, après avoir atteint un maximum de 1186 couples en 8 colonies en 1996. Il n’a pas retrouvé les effectifs maximums enregistrés en 1996 sur un nombre de colonies inférieur de moitié (n=8), soit 1186 couples, effectif approché en 2002 avec 1173 couples.

A titre indicatif, la population française est estimée entre 28000 et 32000 couples en 2002.

La population automnale s’accroît de 5,9% par an sur la période 1991/2009.

Les "petits" hérons

La Dombes revêt un intérêt national pour ces espèces dont 3 sont concernées par la Directive Oiseaux : le Bihoreau gris, l’Aigrette garzette, le Crabier chevelu.

Le plus abondant de tous, le Héron garde-bœufs Bubulcus ibis n’est pas inscrit au titre de cette directive.

Héron gardeboeufs

Plus récemment les ont rejoints deux espèces perçues différemment par les dombistes : chronologiquement la Grande Aigrette et la Spatule blanche.

Populations actuelles :

Les quatre espèces de petits hérons totalisent 700 à 900 couples en 2008, environ 700 couples en 2009 répartis sur 9 colonies connues :

- Héron garde-bœufs : 335 couples minimum

Héron gardeboeufs

Héron gardeboeufs (bec jaune orangé) et Aigrette garzette (bec noir, pattes jaunes)

- Bihoreau gris : 239 couples minimum

Bihoreau gris/adulte

Bihoreau gris : un juvénile dont le plumage est peut-être à l'origine d'une confusion fréquente en fin d'été, avec le rare Butor étoilé ; localement le Bihoreau est souvent appelé "butor".

- Aigrette garzette : 105 couples minimum

Aigrette garzette : son plumage aura failli signer sa perte

- Crabier chevelu : deux à trois couples durant la majeure partie des années 90, 8 à 10 couples dans une colonie en 1999. L’effectif est fluctuant sans être jamais abondant. Plus d’une centaine d’adultes – méditerranéens ou locaux ? - ont pu être observés simultanément en juin et juillet (2006, CORA, ONCFS).

Ce Crabier vient de capturer un (autre) prédateur de têtards : une larve de Dytique.

Crabier chevelu

Crabier chevelu

La Grande Aigrette

Celle qui faillit disparaître pour que les belles du début du siècle puissent arborer ses magnifiques plumes scapulaires sur de larges et ombreux couvre-chefs prend depuis une décennie une revanche qui serait éclatante si son expansion, de type invasif ou peu s’en faut si l’on en juge par l’accroissement des effectifs automnaux n’ajoutait pas au ressentiment ambiant envers les oiseaux piscivores.

...Une augmentation de la population hivernale qui ne laisse pas d'inquiéter les exploitants d'étangs

La Grande Aigrette Egretta alba hiverne régulièrement en France depuis la fin des années 70, mais il a fallu attendre le milieu des années 90 pour que sa nidification soit confirmée presque simultanément sur le Lac de Grand-Lieu et en Camargue puis en Dombes.

Dans chacun de ces sites, l’effectif est, à la fin des années 90, compris entre 1 et 3 couples.

La Grande Aigrette est rarement citée en Dombes avant 1990. A l’automne 1997, 170 grandes aigrettes étaient dénombrées sur un seul dortoir et fin 1999 le même dortoir dépassait 300 oiseaux. Un groupe de 326 individus était observé sur un étang en vidange début décembre de la même année.

Suspectée dès 1995, la première reproduction de l’espèce n’est confirmée qu’au printemps 98 lorsqu’un nid est trouvé dans une grande roselière à phragmites de la Dombes devenue chronologiquement le troisième site de nidification en France.

Un adulte nourrit un jeune au nid

L’origine de sa récente colonisation vers l’ouest de l’Europe et notre pays est mal définie elle peut être rapprochée d’une bonne productivité des populations les plus occidentales, ou encore du report d’oiseaux dont les sites de nidification auraient défavorablement évolué, comme par exemple dans le delta du Danube.

Les grandes populations dont sont originaires les oiseaux qui fréquentent la Dombes se distribuent selon toute vraisemblance depuis l’Autriche et la Hongrie jusqu’en Russie et en Azerbaïdjan.

Population actuelle :

La population estivale stagne à un niveau d’effectifs modestement compris entre 1 et 3 couples annuellement (1 en 2010).

Il n’en est pas de même pour la population hivernante qui culmine courant novembre avec un flux de migrateurs compris entre 1000 et plus de 2000 individus : leur taux d’accroissement annuel est de 44% sur la période 1991/2009. L’effectif indiciaire simultané de novembre 2009 recueilli sur un échantillon de 105 étangs situés en Dombes centrale totalise 833 individus (1000 ind. en 2008).

Directive Oiseaux


La Spatule blanche

Dernière venue des grands échassiers en Dombes la Spatule blanche Platalea leucorodia s’invite dans un contexte écologique qui bien que reconnu défavorable pour la biodiversité dans son ensemble, semble se trouver sur la voie d’une expansion inespérée…Inespérée pour une espèce longtemps en danger – pour laquelle d’ailleurs un plan International de Conservation est actuellement en cours de lancement - et dont la population d’Europe Occidentale, s’accroit depuis une quinzaine d’années.

Première rencontre

Échassier mais non héron. Quoique proche de ces derniers, elle l’est plus encore des ibis avec lesquels elle partage une famille systématique imprononçable et proprement incompatible avec son élégance...mais non avec son originalité : les « Threskiornithidés »

Jusque là visiteuse occasionnelle, après une 1ère tentative de nidification en 1998 qui semble ne pas vouloir se concrétiser au cours des années suivantes, elle apparaît en 2005 au sein d’une colonie de petits hérons.

2005 : une première tentative...

En 2006, 5 à 6 couples se reproduisent pour la 1ère fois avec succès sur les saules qui bordent un petit étang. Il s’agit d’un domaine privé comme toujours ou presque en Dombes. Trois vidanges et pêches estivales consécutives, contrairement à la pratique générale locale, ne semblent pas perturber la reproduction de cette espèce, contrairement d’ailleurs à d’autres strictement paludicoles présentes sur le site : les roselières exondées sont plusieurs fois abandonnées par hérons pourprés et blongios.

En 2006 naissaient pour la première fois des spatules en Dombes

L’origine des spatules nichant en Dombes n’est pas clairement définie, mais les données de bagues observées sur des oiseaux qui y stationnent démontrent le véritable carrefour des populations que constitue cette région : Pays-Bas (1988, 1996, & 2009 CORA), Camargue en 2008, Loire Atlantique en 2004 (CORA, ONCFS) !

Population actuelle :

6 ou 7 couples se reproduisent en 2010 (contre 9 ou 10 couples en 2009).  Les effectifs psts-nuptiaux atteignent 44 oiseaux, adultes et juvéniles, migrateurs compris fin août début septembre 2010.

Directive Oiseaux

Nostalgie : l’Ibis falcinelle…

A l’écart des étangs, il faut se forcer à imaginer les canaux du Marais des Echets, à moins d’un demi-siècle de nous, véhiculant mollement ses eaux dans un dédale de roseaux. Un temps révolu où le Courlis cendré Numenius arquata côtoyait le Râle des genêts Crex crex, et le Fuligule Nyroca l’Ibis Falcinelle Plegadis falcinellus et le Butor étoilé : la faune du marais était tout aussi originale que celle du centre Dombes qu’elle complétait magnifiquement.

...Parmi les mouettes

La Dombes est un des rares sites français où l’Ibis falcinelle a consenti à se reproduire. Cela remonte au tout début des années soixante. On détecte sa présence au marais des Echets, au sud du plateau, une large cuvette non connectée aux étangs. L’endroit donnait alors le change au point d’évoquer – du point de vue de l’oiseau - les vastes marécages du delta du Danube où le falcinelle se complaît encore !

Au tournant des années 90 et 2000, le rythme des visites de l’Ibis falcinelle s’est accentué. Partout en France. Isolé ou par petits groupes, ce qui pouvait suggérer une reproduction locale, mais plus probablement encore des retours des quartiers d’hivernage d’Afrique Occidentale, (mars/avril), un erratisme postnuptial des ibis caucasiens ? L’expansion récente de la Grande Aigrette à partir du même berceau centre-européen pouvait constituer le signe avant-coureur de la recolonisation de notre région.

Ce ne fut pas l’Ibis falcinelle : la Spatule blanche, soudain, était là. Mais les récentes évolutions de l'Ibis falcinelle en Camargue  (plus de 400 couples en 2010 !) pourraient bien  se poursuivre par une prochaine réinstallation en Dombes...

La rencontre avec cet oiseau sombre et satiné, à la silhouette déroutante, subjugue et transporte immédiatement vers d’autres horizons, lointains, chargés d’exotisme : le falcinelle est peut-être en route vers le sud du Sahara… Là, il hivernera, rejoint par des centaines d’autres, sur quelque mare résignée à ne pas résister au soleil plus de quelques semaines.

Son sosie américain s’est parfois échappé du parc des oiseaux de Villars les Dombes voisin: l’Ibis de Ridgway. Identification réservée aux spécialistes !

Directive Oiseaux

24oct/10Off

Voyage au centre de l’étang

La Guifette moustac

Les Guifettes moustacs Chlidonias hybridus constituent en quelque sorte, la partie visible du peuple de la pleine eau, des nénuphars et autre châtaigne d’eau.

La Guifette, c’est l’élément gracieux associé à l’été des étangs, car elle hiverne en grande partie au sud du Sahara. C’est une sterne des eaux douces et stagnantes. Une espèce emblématique : elle figure sur la liste des oiseaux les plus sensibles d’Europe. L’association d’un herbier aquatique et d’une colonie est sans conteste une plus-value environnementale et biologique pour un étang.

Elle se reproduit principalement sur le lac de Grand-Lieu (Loire Atlantique), en Brenne, en Dombes ; elle fréquente également en effectifs moindres le Forez, la Sologne, la Brière.

Longtemps Dombes et Brenne se sont partagé 80% de l’effectif national. La situation a changé. D’abord au bénéfice de la Brenne, puis de Grand-Lieu.

En Dombes, la Guifette moustac régresse régulièrement : de plus de 30 colonies en moyenne au début des années 1990, elle n’en compte qu’une dizaine en 2009. Les effectifs sont fluctuants, de 500 à 800 couples. Mais les colonies tendent à se concentrer sur un nombre de plus en plus réduit d’étangs. Ce constat suggère une évolution écologique globalement défavorable des milieux aquatiques, à commencer par l’appauvrissement des formations végétales favorables. Une carence des milieux en ressources alimentaires, d’origine terrestre (insectes) comme aquatique (alevinage), pourrait être impliquée dans les tendances évolutives récentes. Le déterminisme du choix du site de reproduction répondrait non au seul critère végétal mais au moins à deux impliquant non pas un mais un ensemble d’étangs, voire au-delà, le bassin versant : la présence de formations végétales et la ressource alimentaire.

Certains aspects des tendances évolutives de la Guifette en Dombes semblent pouvoir être corrélés assez aisément à une évolution locale des habitats et des pratiques. Cela ne suffit pas à expliquer le transfert de population constaté depuis quelques années vers des zones humides de l’Ouest du pays (Grand-Lieu, en Loire Atlantique) : des hypothèses fondées d’une part sur des tendances évolutives climatiques lourdes et des situations conjoncturelles (effets « année », conditions météorologiques exceptionnelles, eutrophisation de Grand-Lieu) seront donc avancées.

Plusieurs programmes environnementaux se sont succédé entre 1994 et 2010 intégrant la protection des colonies de Guifettes moustacs lors du faucardage de la végétation flottante, pratique non systématique essentiellement destinée à limiter l’emprise de la châtaigne d’eau.

Ils ne sont plus suffisants aujourd’hui pour inverser la tendance évolutive de la population de guifettes.

Directive Oiseaux

Population actuelle : le nombre de colonies ne cesse de diminuer :  7 en 2010 (10 en 2009 !). Effectifs fluctuants. Toutefois plafonnement de la population nicheuse à environ 500 couples sur la période 2006/2010, exception faite de 2007 avec 865 couples.

Souvent associés, parfois en compétition ...

...pour un simple amas de végétation où bâtir un nid : Grèbe à cou noir et Guifette moustac

Retrouvez ces deux oiseaux dans l'album "la guerre des plateformes"

Le Grèbe à cou noir

Au début de la saison, en avril, le Grèbe à cou noir Podiceps nigricollis s’assure la protection des colonies de mouettes, dans les joncs et les scirpes. Plus tard en été, il profite du développement des végétaux flottants pour intercaler son nid entre ceux des guifettes. Ce lutin au comportement spectaculaire est une des figures les plus attachantes de l’avifaune locale, un des oiseaux aussi, qui résume le mieux l’équilibre de l’étang dombiste.

La population de cette espèce est extrêmement fluctuante : certaines « colonies » ont rassemblé jusqu’à plus de 300 couples. Le phénomène est plus rare de nos jours, et le plus souvent, l’étang accueille au mieux plusieurs dizaines de couples (exemple : 40 couples en 2009 sur le Grand Birieux).

Population actuelle : fluctuante, de 200 à 500 couples. Les suivis actuels ne permettent pas de déterminer la tendance évolutive de la population. Pourrait être en recul, du fait de la diminution des herbiers aquatiques et des potentialités alimentaires.

Voir l'album "Grèbe à cou noir : coït non-interruptus"

Iconoclaste Martin-pêcheur

Le Martin-pêcheur Alcedo atthis n’est que reflet fugace, flèche électrique idéalement parallèle à la surface de l’eau.

L’étang est son garde-manger. Les ébies [1]et autres empellements [2] qui concentrent le fretin à l’aval immédiat de la bonde sont un de ses terrains de pêche privilégiés.

On le dit oiseau de l’eau courante, mais c’est oublier que c’est un pêcheur, un prédateur. Il laisse au bouillon de la rivière le Goujon et la Loche. Il plonge sans a priori, à l’attaque des alevins de Gardon, de Poisson-chat, et d’un nouveau, malvenu, mais particulièrement brillant et frétillant, que les dombistes connaissent sous le nom de « Pseudo-rasbora ».

Le gel de l’étang le chasse, et, perdurant, le décime.

L’argile compactée ne lui sied que modérément, où nicher : aussi, lorsqu’il a choisi de rester, bien obligé de forer son terrier dans la paroi des fossés profonds, dos à l’étang, exceptionnellement, entre les racines d’un chablis.

Sa présence est sous-estimée. Sans doute plus abondant dans l’Est de la Dombes – boisée, au relief plus marqué -qu’en son centre, il est presque omniprésent pourtant, juché sur une branche, ou se signalant au passage de son cri aigu, nerveux et métallique.

Population actuelle :

En 2008/2009 il est observé sur ¼ des étangs dombistes entre avril et juillet. Entre le 15 avril et le 15 mai, période concernant essentiellement des oiseaux cantonnés, il est observé sur plus de 7% des étangs (6% sur la période 1991/2000).

La dispersion des jeunes permet de le rencontrer sur 15% des étangs entre le 15 juin et le 15 juillet.

En janvier (hivernage) il est noté sur 7% des étangs (1991/2000). Benmergui/ONCFS non publié, étude réalisée sur 146 étangs.

Directive Oiseaux


  1. Exutoires de l’étang = trop-plein []
  2. « L’empellement » et la « pelle » sont des ouvrages de régulation et de canalisation de l’eau dans les fossés []
24oct/10Off

Quid des prés et des landes : l’extension du périmètre Natura 2000

Les problématiques afférentes à la gestion du bassin versant et à ses conséquences sur l’ensemble de l’écosystème sont développées dans le chapitre « Aux sources de la biodiversité » et sont reprises, chaque fois que nécessaire, dans les chapitre « Les Oiseaux ».

La Dombes ne possède que rarement de landes en bordures des étangs. L’Union Européenne a entériné la fin des jachères fin 2008. Les prairies permanentes sont souvent des pâtures, et lorsqu'il s'agit de prairies de fauche, le rythme des fenaisons ne laisse plus de temps à la faune de réaliser son cycle de reproduction.

Chaque carré de terrain à l’abandon, chaque friche, les réseaux de fossés, bordures de routes et de chemins constituent les vecteurs d’une biodiversité qui trouve là un habitat de substitution lorsque manque l’essentiel. Mais force est de reconnaitre que notre époque, nos besoins laissent le minimum de place à une telle spontanéité végétale.

Tarier pâtre, mâle

Le tarier pâtre : un passereau coloré des landes buissonnantes ; il régresse en Dombes

Une lande buissonnante

Une lande buissonnante : une vision rare au sein d'un agrosystème maîtrisé.

Fauvette grisette

Une Fauvette grisette

Au milieu des années 1990 un premier programme environnemental (LIFE) tente de réhabiliter quelque 250 hectares de prairie en Dombes, d’une prairie qui laisse le temps à la vie de s’installer. Il faut attendre 2009 pour que les politiques agro-environnementales laissent entrevoir une évolution encourageante qui vise à une implantation significative de prairies utiles à la faune. Un programme en cours : les Mesures Agro-Environnementales Territorialisées.

Graminées variées dansune prairie

De la diversité dans les prairies...

Natura 2000 est passée. Avec elle, l’application, à l’arrachée, de la Directive Oiseaux qui implique une extension du périmètre de restauration des habitats favorables à la faune, jusqu’à 200 mètres au-delà de l’étang. On brandit d'abord localement cette mesure comme un épouvantail, s'attachant plus à la forme de son obtention, qu'au fond, ce qu'elle signifie et apporte réellement : un système contractuel dans lequel chacun peut s'inscrire à son gré, et dans un cadre ultimement limité par les disponibilités budgétaires allouées à l'application de la mesure. Pas de quoi fouetter un chat. Sans explication, avec peu de moyens prévus dans un premier temps à l'animation et la mise en place de ce train de mesures, une réaction était inévitable. Ces balbutiements de jeunesse font désormais en principe partie du passé.

Aussi incroyable que cela puisse paraître, la cartographie qui résulte de l’extension de ce périmètre confère enfin à la Dombes une identité, une réelle entité écologique. Non ? Si !

Toutefois on n’attend pas d’inversion de la dynamique démographique du cortège d’espèces inféodées au milieu prairial avant la pérennisation d’un système garantissant le retour d'une superficie significative de prairie de fauche, celle-ci autorisant bien sur le cycle complet de reproduction de ces espèces, vertébrées et invertébrées. Crises sanitaires et laitières, vieillissement et disparition des exploitations laitières, difficultés du métier d’éleveur, ne semblent pas emprunter une telle direction.

Une prairie en bordure d'étang et les bâtiments de l'exploitation en arrière-plan

Quel avenir pour la prairie (et sa fauche tardive !) au bord des étangs ?

Plusieurs projets, peut-être seulement encore des velléités, se dessinent néanmoins dans le cadre d'action agro-environnementales, de contrats de développement durable : des pistes encore plus que des projets, mais qui autorisent de refuser en la fatalité d'une fin de cette part de culture et de biodiversité en Dombes.

ZOOM sur : Le Cuivré des marais

Cuivré des marais (Thersamolycaena dispar)

Cuivré des marais : un mâle, flamboyant et inratable dans son verdoyant environnement

Cuivré des marais (Thersamolycaena dispar)

Cuivré des marais : femelle

Le Cuivré des marais Thersamolycaena dispar est un papillon prioritaire au titre de la Directive Habitats.

Cuivré des marais (Thermolycaena dispar)

Cuivré des marais, femelle

La recherche de ce petit Lépidoptère aux couleurs vives a permis de démontrer l’existence d’une population importante en Dombes. La prairie lui est indispensable pour conclure son cycle annuel : il s’y reproduit en juin et juillet, recherchant les rumex qui la parsèment, ses chenilles s'en nourrissant. Pour ce faire, encore faut-il que la plante ne soit pas fauchée trop tôt. Or, fin mai ont déjà lieu les premières fenaisons…

Avant, ou au contraire plus tard en saison, en août et septembre, on le trouvera le long des fossés non entretenus, dans ces petits habitats dont l’agriculture se désintéresse (coins de parcelles impossibles à traiter avec du matériel lourd, talus, friches) et qui constituent autant de vecteurs, de corridors, vers ses sites de reproduction.

Ne pas confondre : Cuivré des marais et Cuivré commun !

Cuivré commun (Lycaena phlaeas)

Cuivré commun, mâle

Cuivré commun (Lycaena phlaeas)

Cuivré commun, mâle

Cuivré commun (Lycaena phlaeas)

Cuivré commun, mâle: pas si commun en Dombes. La confusion est aisée, avec la femelle de Cuivré des marais

24oct/10Off

La roselière

La roselière constitue l’étape ultime de la colonisation des bordures de l’étang par la végétation non ligneuse. Les écologues nomment « hélophytes » les plantes qui composent ces formations.

On leur doit les aspects les plus sauvages des zones humides.

Les grands roseaux phragmites Phragmites australis - les "cannelles" - ou les massettes également appelés typhas Typha angustifolia & T. latifolia- aux inflorescences en forme de cigares brun vineux - peuvent recouvrir de larges et denses superficies. Scirpe lacustre Schoenoplectus lacustris et Grande glycérie Glyceria maxima forment également des roselières : le 1er semble résister difficilement à l’appétit du ragondin. La 2nde couvre rarement de grandes superficies du moins en Dombes.

Typhaie

Typhaie : ici, Typha à feuilles larges

Phragmitaie : formation et détail

Phragmitaie

Jonchaie

Une belle jonchaie

Tous croissent depuis le domaine non inondé en permanence, jusqu’à des fonds immergés sous une soixantaine de centimètres d’eau.

Vieille, dense et sèche, la roselière perd de son attrait pour la faune. Jeune ou rafraîchie par des clairières et les chenaux qui multiplient ses lisières au contact de l’eau libre, elle s’enrichit. Elle accueille alors, dans son enchevêtrement rendu moins impénétrable, les hôtes les plus discrets de l’étang : Héron pourpré, Blongios nain, Busard des roseaux, tous trois de la Directive Oiseaux, Rousserolle turdoïde – une sorte de grive aquatique - entre autres.

Rousserolle turdoïde

Rousserolle turdoïde : presque exclusivement en phragmitaie

Son emprise doit être régulièrement contrôlée. Le maintien des niveaux d’eau les plus élevés, mais aussi une sévère limitation volontaire, la contiendront en bordures étroites le long des berges de l’étang : cette étroitesse est peu favorable à la reproduction de l’avifaune et en la concentrant, favorisera la prédation. Durant les assecs, la répétition de labours profonds endommagera le système racinaire et affaiblira le dynamisme de la roselière, parfois au point de causer sa disparition. Dans chacun de ces cas de figure, le ragondin pourra avoir un impact décisif en faisant rapidement disparaitre une ceinture végétale extrêmement fragilisée. Et il est probable que la conjonction de ces facteurs soit à l’origine de la régression réelle et préoccupante de la roselière.

Les groupements à joncs Juncus sp et Baldingère Phalaris arundinacea, qu’en formations homogènes ou monospécifiques on nommera « jonchaie » et « phalaridaie », variantes basses de la roselière, sont également le siège d’une communauté animale particulière : les canards, comme le Fuligule milouin Aythya ferina, s’y reproduisent. Selon sa physionomie – hygromorphie, présence de ligneux, morcellement - elles accueillent des passereaux paludicoles tels que le Bruant des roseaux Emberiza schoeniclus, la Locustelle luscinioïde Locustella luscinioides, le Phragmite des joncs Acrocephalus Schoenobaenus, mais également des Rallidés : le commun Râle d’eau Rallus aquaticus , les occasionnelles Marouette ponctuée Porzana porzana et de Baillon Porzana pusilla, deux espèces de la Directive Oiseaux.

Râle d'eau

Râle d'eau et consorts : hôtes fantomatiques de la roselière et autres bonnes surprises

Le Héron pourpré Ardea purpurea

Le Héron pourpré est un visiteur d'été élégant et discret. Avril marque son arrivée et si l'on sait observer , on distinguera sa silhouette au travers du rideau de roseaux encore jaunes et secs : il  déjà choisi le lieu où il nichera. C'est en effet un héron dit"paludicole". Contrairement au Héron cendré, le plus souvent arboricole, le "pourpré" est inféodé à la roselière. Celle-ci rétrecissant d'année en année, il serait justifié de considérer le Héron pourpré comme menacé.

Figé au-dessus d'un lit de Potamot noueux où il guette la Grenouille,  veillant entre les feuilles de Sagittaire ou de Rubanier où glisse la tanche,  toujours l'oiseau parfois frémissant évoque un long serpent dressé, rayé et raidi dans l'affût de la proie.

Héon pourpré dans une roselière

Héron pourpré dans une phragmitaie

Un Héron pourpré a capturé un poisson

Héron pourpré

Plus tard, en juin et juillet, la roselière résonne de caquètements qu'il nous faut attribuer à la nichée de 3 à 4 jeunes affamés et impatients, que l'on doit imaginer dressés au nid, le bec ouvert, au moins autant pour réguler leur température que pour se signaler à l'attention d'un parent au retour de pêche.

En novembre, les pêches d'étangs. Le Héron pourpré échappe aux récriminations qui pointent d'autres espèces piscivores : quelque part, peut-être dans le delta du Sénégal, et plus loin encore, notre Héron pourpré hiverne, et nul bruit ne le touche plus.

Héron pourpré

Héron pourpré (Directive Oiseaux) entouré de Marsilée à quatre feuilles (Directive habitats)

Population actuelle :

Au milieu des années 1990, une recherche exhaustive des colonies dombistes par l'ONCFS  révèle une population estimée entre 400 et 450 couples.

En 2004, un échantillonnage réalisé sur une quarantaine de sites  sur 80 potentiellement favorables dénombre a minimum 320 couples. Toutefois la roselière ayant diminué de moitié entre 1997 et 2004 on peut logiquement s'attendre à ce que la population nicheuse de hérons pourprés  ait également régressé.

Directive Oiseaux

Le Ragondin

Depuis quelques années, la roselière décroît sensiblement.

Rapidement incriminé, l’impact d’une espèce exogène, le Ragondin Myocastor coypus, est bien réel et totalement démontré. Ce monumental rongeur – le poids des mâles peut avoisiner une douzaine de kilos - est originaire d’Amérique du Sud. Introduit en France où il était élevé pour sa peau, il s’est finalement échappé des élevages à leur fermeture.

Ragondin, gros plan

Le Ragondin (Myocastor coypus)

Il apparaît sur le plateau à la fin des années 80, alors qu’il est régulier depuis des années déjà sur la Saône, l’Ain et le Rhône, où il cohabite avec le Castor européen Castor fiber.

La population explose littéralement à partir de la seconde moitié des années 90 : il cause d’importants dégâts dans les chaussées et berges d’étangs. Principalement herbivore, son impact sur les roselières a été récemment démontré.

Sa capture exige une mobilisation importante de la part des piégeurs agréés, c’est à dire détenteurs d’une formation et d’autorisations légales. Cette lutte rappelle celle organisée dans les années 1960 contre le Rat musqué, un autre rongeur également originaire du Nouveau Monde et qui fut pratiquement éradiqué des étangs (en même temps d’ailleurs qu’un de ses prédateurs essentiels, le Putois Mustela putorius). Mais l’inertie qui a accompagné la dynamique démographique exponentielle du Ragondin ne peut que laisser dubitatif quant à l’éventualité d’une issue comparable à celle du rat musqué. Autant dire que l’on doit désormais s’attendre à considérer le Ragondin et son piégeage comme des composantes pérennes de la vie locale : leur impact respectif aura une incidence fondamentale sur le devenir de l’écosystème.

24oct/10Off

Etang « sale » et biodiversité

Un étang « sale » se dit d’un étang plus ou moins envahi par la végétation aquatique, jusqu’à être totalement colmaté. Il s’agit d’une notion toute relative : elle relève essentiellement de la culture locale qui entretient des rapports symbiotiques à la pisciculture. L’étang sale est souvent associé à une faible activité piscicole, voire à son abandon. Ce qui n’est évidemment pas systématique. L’étang sale n’existe ni pour le naturaliste, ni, en principe, pour le chasseur : mais tous se rejoignent sur l’utilité de l’entretien régulier de l’étang.

Etang Victor, Rignieux le Franc, 2009

Un gestionnaire a préservé la "queue" de son étang à des fins biodiversitaires

L’écosystème n’est complet que lorsque chaque ceinture végétale est représentée. A la jonchaie et à la roselière succèdent en théorie, depuis le bord jusqu’au centre de l’étang, une végétation annuelle amphibie, la « sparganiaie », puis des formations végétales immergées ou flottantes, comme la Châtaigne d’eau et la Villarsie faux-nénuphar.

En fait, chaque étang répond aux exigences d’une gestion différente de celles du voisin. Le profil de ses berges diffère. Il possède ses propres caractéristiques physiques et biochimiques, ses propres réserves botaniques, enfouies et dormantes, et qui attendent leur heure avant de germer, ou d’être colportées dans l’eau (ce phénomène de dispersion est nommé « hydrochorie ») via les biefs ou la faune (« zoochorie »).

C’est ainsi que l’on conçoit la Dombes : dans sa variété.

Un étang change au fil du temps

...Une jonchaie

Un étang change au fil du temps

...ceinture de baldingère, également appelée Phalaris

Oenanthe aquatique : appellé couramment "carotte"

Un étang changeant d'une année à l'autre au rythme du temps, de sa vie propre...

Les étangs sont complémentaires les uns des autres : traversant benoîtement une chaussée, la cane quitte celui sur lequel vient d’éclore sa nichée pour l’emmener se sustenter sur l’autre. Le Blongios navigue d’une haie de phragmite à l’autre, « enjambant » d’un coup d’ailes indifférent la digue ou le bitume qui les sépare.

L’étang nécessite un entretien régulier sous peine d’envahissement par la végétation qui l’entraîne rapidement vers son colmatage puis son assèchement. Bien avant ce stade, l’étang aura déjà perdu de son intérêt : il sera devenu impropre à la pisciculture, aura perdu l’essentiel de sa richesse biologique. La pratique de l’assec trouve en grande partie son origine dans cette obligation.

"Sale" ou non, un étang répondant aux souhaits de son gestionnaire

Il est tentant, pour l’exploitant piscicole de l’étang –bien moins pour le chasseur - de réduire à son minimum l’emprise de la végétation spontanée : d’une part, on réduit la contrainte liée aux travaux d’entretien; d’autre part, on augmente sensiblement le volume et la superficie en eau tout en limitant sa déperdition par évapotranspiration.

Une eau d’autant plus précieuse lorsque le bassin versant, la pluviométrie, voire les relations de voisinage, sur la question du partage de l’eau, font défaut.

Les étangs supportent (et surtout supportaient par le passé), sans que cela grève leur production, une proportion de l’emprise végétale correspondant à 10 ou 15 % de leur superficie totale. Cette proportion suffit, mais c’est un minimum, à leur conférer une réelle richesse biologique. Convenablement inondée, comportant ouvertures, « clairières » travées ou chenaux, la végétation aquatique protège efficacement le poisson comme l’oiseau de leurs prédateurs respectifs. Elle favorise le frai spontané du premier, la nidification du second, et, nous l’avons vu précédemment, limite les compétitions inter ou intraspécifiques.

Judicieusement implantée et contrôlée, elle limite par ailleurs les effets de l’érosion aquatique par le batillage.

Au milieu des années 1990 l’emprise de la roselière (au sens large) couvrait 10% de la superficie inondable de l’étang ; 15 ans plus tard son emprise ne dépasse pas 5%.

Entre deux, est passé le Ragondin, dont l'impact indéniable est renforcé d'une part et de façon globale par la fragilisation des végétaux, et d'autre part mais plus localement par une évolution des pratiques dans la gestion de cette même végétation.

Bruxelles et Natura 2000 ont déterminé ainsi les trois types d’habitats prioritaires pour la Dombes au titre de la Directive Habitats :

- Les eaux stagnantes, oligotrophes à mésotrophes avec végétation des Littorelletea uniflorae et/ou des Isoeto-nanojuncetea (Code Natura 2000 : 3130)

- Les eaux oligo-mésotrophes calcaires avec végétation benthique à Chara spp. (Code Natura 2000 3140).

- Les lacs eutrophes naturels avec végétation de type Magnopotamion ou Hydrocharition (Code Natura 2000 : 3150)

Plus simplement, la 1ère catégorie correspond aux vasières, zones largement découvertes en été, les deux autres à la végétation aquatique, essentiellement aux « hydrophytes », groupements végétaux immergés ou émergents : characées, potamots, nénuphars…

La roselière proprement dite (hélophytes) n’est pas considérée comme un milieu prioritaire par la Directive Habitats. Mais heureusement, beaucoup des espèces d’oiseaux qui lui sont inféodées le sont via la Directive Oiseaux.

Zoom sur :

La Leucorrhine à gros thorax (Leucorrhinia pectoralis)

Cette libellule élégante figure dans les annexes 2 et 4 de la Directive Habitats : l'espèce est menacée dans la plupart des pays d'Europe Occidentale, là où son habitat régresse. En Dombes elle peut pourtant être parfois abondante sur les étangs, plutôt forestiers et bénéficiant d'une large ceinture d'hélophytes. L'habitat type est constitué d'un gradient pratiquement complet de végétation depuis la plus haute lisière boisée de l'étang, à chênes ou aulne, à laquelle succèdent des bourrelets de saules, puis la jonchaie-phalaridaie, morcelée, inondée, ouvrant sur des groupements végétaux amphibie à Héléocharys des marais, Iris faux-acore, et Salicaire par exemple.

Puits Pilâtre, Dompierre sur Veyle, fin années 1990

Petite Chabodière, Le Plantay, 2006

Différents habitats de la Leucorrhine en Dombes

La Tille

Etang Grand Clachère, St-Eloi

Après inventaire, et bien qu'elle soit considérée comme sensible à la prédation par les poissons, les étangs de Dombes s'affirment comme un des bastions de sa population nationale.

Leucorrhine à gros thorax (Leucorrhinia pectoralis) mâle

Leucorrhine à gros thorax : un mâle identifiable entre tous grâce à la tâche jaune de son 7ème segment abdominal

A elle seule cette libellule définit donc un habitat caractéristique pris en compte dans les politiques locales environnementales et notamment de la mise en œuvre du programme Natura 2000 : ainsi les étangs répondant à la description de ce milieu peuvent-ils bénéficier de mesures spécifiques en vue de sa conservation.

Leucorrhine à gros thorax (Leucorrhinia pectoralis) mâle

Leucorrhine à gros thorax : un autre caractère distinctif, sa face blanche

Leucorrhine à gros thorax (Leucorrhinia pectoralis) mâle

Identifiable même à distance !

Leucorrhine à gros thorax (Leucorrhinia pectoralis) : accouplement

Leucorrhine à gros thorax : accouplement