La Sparganiaie et autres associations végétales
La sparganiaie tire son nom du Rubanier dont le nom scientifique est Sparganium (sp).
Entre roselière et potamaie – le domaine du Potamot – une végétation lâche, basse, mais d’une grande richesse botanique se développe depuis les eaux les moins profondes de l’étang jusqu’à une cinquantaine de centimètres. Amphibie, semi-pérenne, essentiellement annuelle, elle contribue fortement aux changements saisonniers et interannuels de la physionomie des étangs.
On y trouve pèle-mêle plusieurs familles végétales dont deux Alismatacées, le Plantain d’eau Alisma plantago-aquatica et la Sagittaire à feuilles en flèche Sagittaria sagittifolia, les rubaniers rameux et simple, une Cypéracée, l’Héléocharis des marais.
Souvent après les assecs, l’étang se couvre dans sa totalité d’une ombellifère blanche, que le Dombiste nomme vulgairement « carotte » : il s’agit de l’Œnanthe aquatique Oenanthe aquatica, fort apprécié du Ragondin, et parfois d’une formation jaune : le Rorippe ou Cresson amphibie Rorippa amphibia.
La Brouille que broutaient les chevaux, ventre à l’eau, en une ambiance devenue moins que courante, est en fait deux Graminacées, la Glycérie flottante Glyceria fluitans et le Vulpin fauve Alopecurus aequalis, dont les longues feuilles linéaires qui s’étalent en cheveux à la surface de l’eau sont aussi parmi les premiers signes de la reprise végétative en avril.
Peu d’oiseaux y nichent, car cette végétation ne dispose pas d’assises suffisamment stables, comme les formations flottantes les plus denses (Nénuphar, Châtaigne d’eau), ou comme les hélophytes (roseaux et joncs). Les grèbes castagneux Tachybaptus ruficollis et huppé Podiceps cristatusy amarrent pourtant leurs nids, littéralement flottants et composés de végétaux arrachés, glanés alentour. Le nid de la Foulque macroule Fulica atra ne flotte pas, mais est également bâti dans cette végétation, amarré à quelque branchage ou haut-fond…
Cette formation, lorsqu’elle est abondante, est signe d’un grand dynamique trophique : ces herbiers génèrent d’importantes ressources alimentaires, notamment d’origine végétale, mais également en invertébrés, une des bases même de l’alimentation animale. Les poissons y fraient. Les oiseaux s’y nourrissent en se soustrayant à la convoitise des prédateurs.
C’est également le domaine de la Grenouille verte Rana esculenta, un autre complexe biologique...
Une chose en entraînant une autre, nul ne s’étonnera d’y rencontrer, l’un et l’autre figés et guettant un frémissement de l’onde, le longiligne Héron pourpré Ardea purpurea et le courtaud Crabier chevelu Ardeola ralloides, chacun exploitant une profondeur de la lame d’eau conformément à sa morphologie !
En toute saison, ou presque : les inratables (les indéfectibles)
En tête de peloton
Qui se promène en Dombes, à pied, en bicyclette, ne manque jamais de jeter un œil de part et d’autre de la route, où il sait pouvoir trouver, toujours proche, la surface de l’étang. Car, que ce soit ou non la raison de son passage en cet endroit et en cette heure, il s’attend, tout naturellement, à une présence minimale de mouvement. Il guette la démonstration d’une parcelle de vie sauvage, qui justifie un tant soit peu tout ce qu’on raconte à propos de ce pays. Le néophyte n’est jamais déçu.