Dombes, d’hommes et d’oiseaux La passion de la Dombes

23oct/10Off

Les Anatidés, autrement dit : les canards

Ils ont fait la première réputation de la terre dombiste, au même titre que celle d’autres terroirs : Brenne, Sologne… Terroirs autrefois consacrés par la chasse. Ils sont devenus un des moteurs essentiels de l’économie locale. La pérennité de leurs populations nicheuses devient une préoccupation immédiate. D’eux dépend pour partie le maintien en eau des étangs, et l’avenir des autres espèces.

Jusqu’à 9 espèces de canards sensu stricto, du plus commun d'entre eux, le Canard colvert Anas platyrhynchos, jusqu'au prestigieux et rarissime Fuligule nyroca Aythya nyroca (Directive Oiseaux) se reproduisent en Dombes, plus ou moins régulièrement, et avec plus ou moins de succès.

Depuis le début des années 1990, deux nouveaux Anatidés se reproduisent en Dombes : le Tadorne de Belon Tadorna tadorna et l’Oie cendrée Anser anser. Le 1er encore occasionnellement, la 2nde, très régulièrement.

En 2003 est apparue une nouvelle espèce nicheuse : l’Ouette d’Egypte Alopochen aegyptiaca, espèce introduite en Europe et précédée par la réputation d’être envahissante…

Le Canard chipeau

La situation de cet élégant canard, dont le plumage inhabituellement sobre recèle de subtilités imperceptibles à distance, est particulièrement préoccupante. La prairie des bords d’étangs a fait place à des cultures. Les rares prairies de fauche sont récoltées bien avant que les nids du chipeau Anas strepera n’éclosent. Seules des modifications importantes des pratiques agricoles actuelles lui seraient favorables : les Mesures Agri-Environnementales Territorialisées (MAET), en réaffectant une superficie de prairies significative à proximité des étangs, et dont la date de fenaison serait adaptée au cycle de reproduction de l'espèce, pourraient d’ores et déjà aider au maintien de la population.

Population actuelle

A la fin des années 70, 1300 couples se reproduisent en Dombes sur les 1800 que compte le pays tout entier. A la fin des années 80, la population locale est au plus estimée à 400 couples. Le nombre annuel de nichées peut être estimé entre 100 et 200 au début des années 2000.

Canard chipeau

La Sarcelle d’été

La Sarcelle d’été Anas querquedula est strictement migratrice. Elle est le dernier des canards à quitter les mares de l’Afrique subsaharienne où elle hiverne par centaines de milliers. Elle réapparaît par petits groupes sur les étangs à partir de fin mars, le plumage des mâles repeint aux couleurs du ciel, bleu et nuage. A l’instar du Chipeau, au fur et à mesure de la disparition des prairies de fauche qui bordaient l’étang, elle est devenue un des canards nicheurs les plus rares de Dombes.

Population actuelle :

Les preuves de la réussite de la reproduction de la Sarcelle d’été sont rares. Sans doute les petits groupes de 3 à 6 sarcelles observées en juillet sont le fait de nichées locales. Rarement plus d’une nichée connue annuellement.

Sarcelle d'été/nichée

Sarcelle d'été/juvéniles

Sarcelle d'été/mâle

La Sarcelle d’hiver

Le plus petit canard européen se mêle fin août aux sarcelles d’été déjà prêtes au départ.

Toujours discrète, la Sarcelle d’hiver Anas crecca se tient à l’abri de la végétation aquatique. Quelques sifflements mélodieux et un peu mélancoliques, émis par les mâles trahissent leur présence. Le gel les poussera vers la Camargue où elles hivernent massivement.

Population actuelle :

Malgré la régulière observation d’oiseaux estivants les citations de pontes et de nichées de Sarcelle d’hiver sont exceptionnelles. Le dernier connu (M. Benmergui/ONCFS) date de 1991.

La population hivernante est variable : annuellement les rassemblements les plus importants peuvent atteindre un millier d’oiseaux. L’effectif total ne semble qu’occasionnellement excéder ce chiffre.

Sarcelle d'hiver/couple


Le Canard souchet

Autrefois régulier, le Canard souchet Anas clypeata, autre nicheur inféodé aux prairies humides, ne fournit plus qu’occasionnellement des preuves sa reproduction. C’est surtout un migrateur transsaharien. Sa présence est souvent associée à celle du Vanneau huppé et de l’Echasse blanche, témoignant d’étangs de peu de fond.

Population actuelle :

Peut-être 300 couples dans les années 70 (CORA). Sans doute inférieure à 20 couples. Occasionnellement une nichée apporte la preuve de la reproduction de l’espèce. Dernière en date 2007.

Hivernage : environ 300 individus au cours des années 2000 ; peut atteindre jusqu’à 700 individus (1992/1993).

Canards souchets en compagnie d'un couple de Canards siffleurs

Canards souchets en compagnie d'un couple de Canards siffleurs

Le Fuligule morillon : reflets dans un œil d’or...

Sa tenue de majordome dont le vent relève la huppe tombant sur sa nuque n’autorise aucune confusion. Un quart de siècle, entre le début des années cinquante et 1980, voit successivement la colonisation du morillon Aythya fuligula, en Dombes, son expansion, puis son déclin.

Ailleurs toutefois plus au nord (Champagne, Lorraine) et à l’Ouest (Lac de Grand-Lieu, en Loire Atlantique) du pays, cette expansion se poursuit.

Il est souvent décrit comme une espèce colonisatrice et force est de constater la présence de nichées en des lieux insolites, tels des ballastières, des lagunages, des bassins de décantation, des stations d’épuration…

Population actuelle :

Si la population printanière peut être estimée entre100 et 150 couples le nombre de nichées n’excède pas une cinquantaine annuellement.

Hivernage : semble décroître durant la dernière décennie : 500 individus en moyenne.

Le Fuligule milouin

Désigné localement par son surnom de « rougeot » le Fuligule milouin Aythya ferina s’est imposé, en un demi-siècle, comme la seconde espèce de canard nicheur, ses effectifs approchant ceux du colvert toujours abondant mais dont l’origine sauvage devenait de plus en plus douteuse.

Fuligule milouin/mâle

Après la seconde guerre mondiale, de nouvelles politiques de gestion hydraulique (lacs réservoirs destinés à la production d’énergies, extraction de granulats) ou agricole (drainage, assèchement de vastes complexes humides) sont appliquées dans l’est de l’Europe. La première favorise l’hivernage des fuligules. La seconde s’exerce au détriment des sites de nidification.

Entre exode et migration, venant de Sibérie, d’Ukraine et des pays baltes, drainés par le Rhône et le Rhin, par le Danube et les lacs alpins, les fuligules trouvent les étangs de Dombes.

Leurs effectifs sont spectaculaires lors de la remontée de février. Les étangs se parent soudain d’argent : une lourde étole de milliers d’oiseaux au plumage parfait, resplendit dans les lumières les plus crues et durant les températures les plus vivifiantes de l’année.

Mais, le revers de la médaille n’a rien d’étincelant. Le rougeot, de moins en moins, réussit sa reproduction, à l’instar des autres canards… Son abondance entre novembre et février ne reflète pas la brutale réalité de la condition des oiseaux qui se reproduisent ici (voir à ce sujet la page : aux sources de l'équilibre/l'évolution des peuplements d'oiseaux).

Population actuelle :Fuligule milouin/couple

Fuligule milouin/nichée

Sans doute de l’ordre d’un millier de couples potentiels : mais un nid sur trois en moyenne atteint le stade de l’éclosion.

L’hivernage est variable, dépendant des conditions d’accueil sur les étangs, du gel notamment. De quelques centaines à près de 10000 individus en décembre. La migration prénuptiale peut totaliser simultanément jusqu’à 25000 individus en février.

La Nette rousse

voir également : album PICASA

Beaucoup décernent à la Nette rousse Netta rufina le titre de plus beau canard d’Europe. A n’en pas douter, il est un des plus originaux. Le mâle arbore seul les tons chauds qui lui confèrent une allure quasi exotique. Les lacs alpins, helvétiques et bavarois, concentrent plusieurs milliers de ces oiseaux en hiver. Cette proximité traduit une récente modification des habitudes d’hivernage de l’espèce. Elle pourrait valoir à la Dombes de devenir la plus importante station de nidification du pays.

Le parasitisme des nids d’autres espèces de canards est un trait occasionnel du comportement reproducteur de la Nette rousse.

Population actuelle :

Peut-être le seul Anatidé en expansion. Une expansion relative limitée par une faible productivité des couples. Le 3ème Anatidé en fréquence comme en abondance après le Canard colvert et le Fuligule milouin.

Ses effectifs en début de printemps avoisinent 500 individus.

Hivernage limité à quelques individus : l’essentiel se rassemblant par milliers sur les lacs suisses.

Nette rousse/parade nuptiale

Nette rousse/couple

Nette rousse/nichée

Cette jeune nette (à droite) a été élevée au sein d'une nichée de colverts

Le Fuligule nyroca

Le nyroca Aythya nyroca est un des canards les plus rares, les plus mythiques d’Europe. Notre région demeure un de ses derniers fiefs en notre pays, du moins un de ceux où il a tenté le plus régulièrement de se reproduire.

Une tentative de réintroduction a échoué au milieu des années 70. Entre 2000 et 2010, les nichées de 1 ou 2 couples sont régulières, très localisées, sur un site (ou à proximité) particulièrement géré et protégé : les étangs de la Fondation P. Vérots.

Le contexte écologique est toutefois globalement peu favorable à l' expansion du nyroca. Un renforcement artificiel de ce noyau (naturel ?), est actuellement à l'étude, à l'initiative du Parc des Oiseaux de Villars les Dombes ; son intérêt serait augmenté dans la mesure où il eût été précédé d’une restauration significative des milieux.

Population actuelle :

Régulier en hivernage parmi les rassemblements de fuligules, son effectif peut au mieux totaliser simultanément jusqu’à une dizaine d’individus. Sa reproduction est annuelle depuis la fin des années 1990 : un noyau de quelques couples semble s’est formé dans l’ouest de la Dombes, autour de St Jean-de-Thurigneux. Il est irrégulièrement cité dans d’autres secteurs.

Le seul Anatidé de la Directive Oiseaux (espèce protégée).

Fuligule nyroca

Fuligule nyroca : un iris blanc caractéristique

Des nyrocas reconnaissables à leur silhouette sombre et à leurs sous-caudales blanches paradent parmi des milouins