Dombes, d’hommes et d’oiseaux La passion de la Dombes

24oct/10Off

Quid des prés et des landes : l’extension du périmètre Natura 2000

Les problématiques afférentes à la gestion du bassin versant et à ses conséquences sur l’ensemble de l’écosystème sont développées dans le chapitre « Aux sources de la biodiversité » et sont reprises, chaque fois que nécessaire, dans les chapitre « Les Oiseaux ».

La Dombes ne possède que rarement de landes en bordures des étangs. L’Union Européenne a entériné la fin des jachères fin 2008. Les prairies permanentes sont souvent des pâtures, et lorsqu'il s'agit de prairies de fauche, le rythme des fenaisons ne laisse plus de temps à la faune de réaliser son cycle de reproduction.

Chaque carré de terrain à l’abandon, chaque friche, les réseaux de fossés, bordures de routes et de chemins constituent les vecteurs d’une biodiversité qui trouve là un habitat de substitution lorsque manque l’essentiel. Mais force est de reconnaitre que notre époque, nos besoins laissent le minimum de place à une telle spontanéité végétale.

Tarier pâtre, mâle

Le tarier pâtre : un passereau coloré des landes buissonnantes ; il régresse en Dombes

Une lande buissonnante

Une lande buissonnante : une vision rare au sein d'un agrosystème maîtrisé.

Fauvette grisette

Une Fauvette grisette

Au milieu des années 1990 un premier programme environnemental (LIFE) tente de réhabiliter quelque 250 hectares de prairie en Dombes, d’une prairie qui laisse le temps à la vie de s’installer. Il faut attendre 2009 pour que les politiques agro-environnementales laissent entrevoir une évolution encourageante qui vise à une implantation significative de prairies utiles à la faune. Un programme en cours : les Mesures Agro-Environnementales Territorialisées.

Graminées variées dansune prairie

De la diversité dans les prairies...

Natura 2000 est passée. Avec elle, l’application, à l’arrachée, de la Directive Oiseaux qui implique une extension du périmètre de restauration des habitats favorables à la faune, jusqu’à 200 mètres au-delà de l’étang. On brandit d'abord localement cette mesure comme un épouvantail, s'attachant plus à la forme de son obtention, qu'au fond, ce qu'elle signifie et apporte réellement : un système contractuel dans lequel chacun peut s'inscrire à son gré, et dans un cadre ultimement limité par les disponibilités budgétaires allouées à l'application de la mesure. Pas de quoi fouetter un chat. Sans explication, avec peu de moyens prévus dans un premier temps à l'animation et la mise en place de ce train de mesures, une réaction était inévitable. Ces balbutiements de jeunesse font désormais en principe partie du passé.

Aussi incroyable que cela puisse paraître, la cartographie qui résulte de l’extension de ce périmètre confère enfin à la Dombes une identité, une réelle entité écologique. Non ? Si !

Toutefois on n’attend pas d’inversion de la dynamique démographique du cortège d’espèces inféodées au milieu prairial avant la pérennisation d’un système garantissant le retour d'une superficie significative de prairie de fauche, celle-ci autorisant bien sur le cycle complet de reproduction de ces espèces, vertébrées et invertébrées. Crises sanitaires et laitières, vieillissement et disparition des exploitations laitières, difficultés du métier d’éleveur, ne semblent pas emprunter une telle direction.

Une prairie en bordure d'étang et les bâtiments de l'exploitation en arrière-plan

Quel avenir pour la prairie (et sa fauche tardive !) au bord des étangs ?

Plusieurs projets, peut-être seulement encore des velléités, se dessinent néanmoins dans le cadre d'action agro-environnementales, de contrats de développement durable : des pistes encore plus que des projets, mais qui autorisent de refuser en la fatalité d'une fin de cette part de culture et de biodiversité en Dombes.

ZOOM sur : Le Cuivré des marais

Cuivré des marais (Thersamolycaena dispar)

Cuivré des marais : un mâle, flamboyant et inratable dans son verdoyant environnement

Cuivré des marais (Thersamolycaena dispar)

Cuivré des marais : femelle

Le Cuivré des marais Thersamolycaena dispar est un papillon prioritaire au titre de la Directive Habitats.

Cuivré des marais (Thermolycaena dispar)

Cuivré des marais, femelle

La recherche de ce petit Lépidoptère aux couleurs vives a permis de démontrer l’existence d’une population importante en Dombes. La prairie lui est indispensable pour conclure son cycle annuel : il s’y reproduit en juin et juillet, recherchant les rumex qui la parsèment, ses chenilles s'en nourrissant. Pour ce faire, encore faut-il que la plante ne soit pas fauchée trop tôt. Or, fin mai ont déjà lieu les premières fenaisons…

Avant, ou au contraire plus tard en saison, en août et septembre, on le trouvera le long des fossés non entretenus, dans ces petits habitats dont l’agriculture se désintéresse (coins de parcelles impossibles à traiter avec du matériel lourd, talus, friches) et qui constituent autant de vecteurs, de corridors, vers ses sites de reproduction.

Ne pas confondre : Cuivré des marais et Cuivré commun !

Cuivré commun (Lycaena phlaeas)

Cuivré commun, mâle

Cuivré commun (Lycaena phlaeas)

Cuivré commun, mâle

Cuivré commun (Lycaena phlaeas)

Cuivré commun, mâle: pas si commun en Dombes. La confusion est aisée, avec la femelle de Cuivré des marais

24oct/10Off

Les vasières

La pluie tarde à revenir. Le pêcheur espère les orages estivaux pour remettre l’étang à niveau. Le paysan craint que ceux-ci versent l’orge ou le foin. Les carpes, au bord de l’asphyxie, trouvent encore l’énergie nécessaire pour frayer, la nageoire dorsale dépassant largement hors de l’eau. L’évaporation rapide a découvert des plages que la végétation n’a pas encore pris le temps de coloniser.

Vasière estivale sur un étang

Une vasière telle qu'en laissent apparaître certains étangs au cours de l'été

Morillons et foulques s'alimentant sur une vasière

Des oiseaux viennent muer et s'alimenter sur les vasières

une femelle Vanneau huppé et ses jeunes sur une vasière

Une femelle Vanneau mène ses jeunes se nourrir sur une vasière

Les canards y viennent muer de juin à août. Les limicoles en transit les arpentent, en quête d’invertébrés et de jeunes batraciens pour tout repas.

Un premier gazon fin du pionnier Scirpe « à tête d’épingle » Eleocharis acicularis recouvrira la vasière, suivi de l’originale Damasonie en étoile Damasonium alisma , d’un Carex de Bohème. Plus rarement s’y développeront quelques pieds de la rare Limoselle, des emblématiques Flûteau nageant Luronium natans et Marsilée à quatre feuilles Marsilea quadrifolia. La conservation et la restauration des habitats favorables à ces deux espèces végétales est prioritaire dans le cadre d’application de la Directive Habitat, repris par Natura 2000.

La vasière ne se distingue pas par une débauche de couleurs, comme les végétations de pleine eau, flottante et amphibie. Ses subtilités végétales sont autres. Elles s’affirment dans une gamme étendue d’adaptations et de formes. Elles interpellent un regard affûté.

Ces milieux, temporairement inondables, sont rares dans notre paysage européen fortement industrialisé et urbanisé.

La Dombes, grâce au profil si caractéristique de ses étangs, est dépositaire de peuplements végétaux parmi les plus sensibles de notre patrimoine naturel.

Sur d’autres étangs des vasières sont apparues dès la fin de l’hiver par manque d’eau à la suite de la dernière pêche. Ces vasières précoces favorisent l’émergence d’une communauté végétale des plus riches. A cet effet, dans les années 1990 des programmes environnementaux (« Action Communautaire pour la Nature » ou « LIFE ») ont permis de créer des vasières artificielles précoces dont les premiers bénéficiaires sont les sarcelles et les premiers limicoles de la migration remontante - bécassines, chevaliers – mais avant tout ceux d’entre eux qui se reproduisent ici.

une vasière colonisée par la végétation

Cette vasière est apparue tôt au printemps : la végétation l'a déjà en partie colonisée

Ces mesures trouvent actuellement un prolongement dans la mise en œuvre des Mesures Aqua-Environnementales.

Quelques plantes caractéristiques des vasières :

Scirpe mucroné

Scirpe mucroné (détail) :protection régionale

Flûteau nageant

Flûteau nageant : protection nationale, Directive Habitat

Limoselle aquatique

Limoselle aquatique : protection régionale, se raréfie.

Jonc nain

Jonc nain : un hélophyte rare

Damasonie en étoile

Damasonie en étoile : protection nationale