Dombes, d’hommes et d’oiseaux La passion de la Dombes

10nov/12Off

Pisciculture en devenir

La vocation de l’étang

Il m’aurait été impossible d’écrire un tel ouvrage sans aborder ce sur quoi est fondé l’écosystème dombiste. Toutefois, le sujet étant complexe et méritant bien d’autres développements, je tenterai simplement d’en dresser un état des lieux synthétique sur la base de ce que j’apprends encore chaque jour au contact des usagers et des professionnels [1]. Ce qui m’intéresse se rapporte essentiellement à un certain nombre d’interactions, écologiques bien sûr, mais également sociales et économiques, qui président au devenir de l’écosystème. Je ne peux qu’espérer une certaine indulgence pour n’avoir pas traité la pisciculture sous un angle plus technique.

pêche d'étang

pêche d'étang en Dombes

pêche d'étang

un travail d'équipe, des tonnes au bout de chaque bras, en fin de journée. Et si la pêche tient ses promesses

S’il est donc bien un sujet sensible en Dombes, il s’agit de la pisciculture dont la société locale est totalement imprégnée. Pensez : sept siècles que le premier rythme la vie de la seconde. Plus que toute autre activité, elle a forgé une culture à part. Son ressenti est celle, par osmose et par parentalité, de toute une région : plus de 1 400 étangs, la plupart dévolus à la pisciculture. Au moins 300 propriétaires exploitants avérés et potentiels. Sans compter autant de paysans chargés de l’entretien des étangs, de dizaines de piégeurs, deux mille et quelques chasseurs. Et quelques négociants. Cinq en fait, dont trois vivent en Dombes.

Si l’on devait hiérarchiser les activités humaines selon leur impact sur l’évolution de la biodiversité, nul doute que chronologiquement la pisciculture mériterait toute antériorité. L’engouement progressif pour la chasse aux oiseaux d’eau n’en étant qu’un corollaire relativement récent. La rétention volontaire des eaux de ruissellement et l’exploitation des eaux dormantes à des fins nourricières ont eu pour conséquence sans doute inattendue la création d’un écosystème unique. Une communauté faunistique et floristique s’est instaurée qui, pour peu qu’on attribue quelque autre intention à leurs premiers exploitants, passerait pour être de veine démiurge…

Lorsque la collectivité n'imagine pas que la faune et la flore des étangs puisse continuer d’exister sans la pisciculture, le biologiste le conçoit parfaitement. Le cas échéant, un autre équilibre s'instaurerait. Mais il est probable, d’une part que l’ensemble de l’écosystème actuel en serait profondément modifié [2], et d’autre part que l’on trouverait un bien moindre intérêt à conserver des étangs en eau si cela ne générait pas une activité économiquement viable. On ne peut perdre un seul instant de vue qu’il s’agit d’un système bâti sur la propriété privée. Et que rien, fondamentalement, même avec les meilleures volontés de politique environnementale, n’interdit une réorientation de la terre inondée, l’assèchement définitif d’un étang, son retour à la culture. La vocation première de la terre qu’il emprunte aujourd’hui.

Carpes

Carpes

Le poids croissant de l’agriculture dans l’économie de marché déclinée au local aura pu occulter les difficultés croissantes de la filière piscicole. La pisciculture extensive en milieu continental est donnée pour moribonde, alors qu’il semble que tout devrait être tenté pour sauver une activité génératrice de biodiversité, sous certaines conditions de pratique. Et lorsque le monde court après des ressources de protéines que lui refuseront sans doute bientôt les océans… l’aquaculture devient une des priorités de la présidence française de l’Union européenne (2008) au titre de la Politique commune de la pêche (PCP) [3])

Quels sont donc ces maux qui pourrissent la vie du gestionnaire d’étangs et qui compromettent la conservation d’une biodiversité intégrée par l’Europe dans son réseau de sites Natura 2000 ?

Un contexte de crise durable démontre que la carpe se négocie au même prix aujourd’hui qu’il y a vingt ans. Dans le même temps, la balance comptable de l’étang devient négative : production en baisse – de 250 kg de poisson à l’hectare en 1990, elle est de 170 kg environ aux alentours de 2010 –, augmentation des charges liées à son entretien… Le revenu de la location du droit de chasse, selon un constat récent, peut à la rigueur rétablir cette balance, sans toutefois jamais avouer de réel bénéfice. Le nombre des chasseurs pratiquant en Dombes semble stable au contraire d’une tendance nationale toujours en recul ; mais on constate une réorientation de leur intérêts, presque par obligation : moins de canards et plus de sangliers…

La baisse de production de l’étang est attribuée, par les pisciculteurs eux-mêmes [4] au prélèvement par les oiseaux piscivores, grand cormoran en tête, aux dégâts causés par le ragondin, à la gestion de l’eau, ainsi qu’à la baisse de la qualité de celle-ci.

Rassemblement d'Ardéidés lors d'une vidange d'étang : hérons cendrés, grandes aigrettes

Rassemblement d'Ardéidés lors d'une vidange d'étang

Rassemblement d'aigrettes garzettes sur un étang

Rassemblement d'aigrettes garzettes sur un étang

Rassemblement de cigognes blanches et de mouettes rieuses sur un étang

Rassemblement de cigognes blanches et de mouettes rieuses sur un étang

L’impact des oiseaux piscivores

Grand cormoran

Grand cormoran

Qui en Dombes parle de poisson, ce qui ne représente pas une simple frange de la population, ne peut ignorer ce qu’est, plutôt ce que représente, un oiseau piscivore. Le panot [5] ou le filaton [6] ont bien d’autres ennemis… que les restaurateurs régionaux ! Plaisanterie à part, allez donc vous réconcilier avec la carpe à La Bicyclette Bleue, à Joyeux…

Les lois sur la protection de la nature datent du milieu des années soixante-dix. Dictés par l’urgence, les textes fixant la liste des espèces chassables et, surtout, celle des espèces protégées ont eu des prolongements que l’on ne pouvait que difficilement prévoir. Un quart de siècle plus tard, en effet, des espèces autrefois au bord de l’extinction ont reconstitué leurs effectifs au-delà, semble-t-il, de l’économiquement et même de l’écologiquement supportable.

L’impact de certains oiseaux piscivores, en contribuant à rendre plus aléatoire encore qu’autrefois le revenu de la production piscicole, s’avère susceptible de remettre en question l’avenir même de l’étang. Et notre biodiversité. Déjà en 1996, les chercheurs n’avancent-ils pas que les oiseaux piscivores pourraient mettre en péril la filière piscicole à partir d’un seuil de perte de production de 10 % [7] ?

Pour le pisciculteur, les hérons (terme générique concernant en réalité huit espèces en Dombes), le grèbe huppé et surtout, depuis la fin des années quatre-vingt, le grand cormoran, sont des sujets permanents de préoccupation. À lui seul, ce dernier constitue une pierre d’achoppement sur laquelle butent en permanence partenaires sociaux et administrations dans leur avancée vers la conservation de l’écosystème ; cela, toutefois, malgré des progrès significatifs en termes d’écoute réciproque au cours des deux dernières années.

Les impacts du grand cormoran et ceux du ragondin sont démontrés [8]. Toutefois, si la plupart des acteurs et autres observateurs touchent du doigt cette réalité du terrain, en mesurer l’impact global est bien moins aisé qu’il n’y paraît.

Grands cormorans, groupe en pêche

Grands cormorans, groupe en pêche

Quelques chiffres néanmoins.

En Dombes, on estime dans les années quatre-vingt-dix que les grands cormorans prélevaient entre 18 et 56 tonnes du poisson commercialisable [9], ce qui équivalait à environ 2,5 % de la production annuelle totale (1 600 tonnes en 1989 [10], 1 300 à 1 700 tonnes en 2004 [11]. En 2013, une consultation des professionnels chiffre la production locale aux environs de 600 tonnes.

Une prédation presque identique, soit de l’ordre de 3 %, est exercée à la même époque de l’année, la période des vidanges d’étangs, par les hérons cendrés.

Mais lors des pêches, ce qui ne se voit pas choque moins que ce que l’on observe. Et l’on constate une proportion importante de poissons blessés, « abîmés », non commercialisables. Chiffrable : à nouveau, une proportion moyenne de 3 % de la biomasse, avec sur certains étangs des taux de blessures pouvant passer les 20 % [12].

Entre 1996 et 1998, années de ces études, la grande aigrette arrivait juste en Dombes. Depuis, son effectif équivaut, à cette époque de l’année, celui du héron cendré, ce dernier continuant d’augmenter progressivement ses effectifs automnaux [13].

Pour étonnant que cela puisse paraître aux plus sceptiques, les effectifs automnaux de grands cormorans en Dombes sont stables sur la période 1991-2012, quelles qu’en soient les raisons : sans doute les mesures d’effarouchement et les tirs d’oiseaux -réglementés- n’y sont-ils pas étrangers, car la population nationale, de son coté, augmente bien !  Dans le même temps toutefois, une espèce ichtyophage augmente significativement ses effectifs hivernaux : la Grande aigrette. A l'ensemble des pertes concentrées sur la période des pêches s’ajoutent celles réparties sur l’année et imputables à la consommation annuelle de l’ensemble des espèces piscivores (tout autant consommatrices d’ailleurs d’espèces de poissons non commercialisables : carassins, perches soleil, "Rasbora" (Pseudorasbora parva) et autres « chats »).

La prédation a sans aucun doute augmenté en volume : mais, même à niveau constant, avec la baisse de productivité naturelle de l'étang, que l'on ne peut plus sous-estimer, elle serait -elle est- devenue économiquement insupportable.

L’évolution des pratiques piscicoles en Dombes

Des modifications sont apportées dans les stratégies de pêche et d’empoissonnement en une réponse des pisciculteurs à la prédation du Grand cormoran. On pêche les étangs plus tôt qu’autrefois, ou tout au moins sur une période plus courte de façon à prévenir de l’arrivée automnale massive du prédateur. De même au sortir de l’hiver : l’empoissonnement est plus tardif afin de limiter l’impact des oiseaux durant leur migration vers le nord de l’Europe. On empoissonne « plus gros » aussi, pour compenser le raccourcissement du temps de croissance du poisson dans l’étang. Un important volume d’eau rejoint simultanément les fossés et les rivières que les pluies ne réussiront pas à compenser certaines années au moment de remplir à nouveau les étangs.

Entre ces deux périodes, le poisson est stocké dans des bassins, dont de nombreux étangs sont dorénavant pourvus. L’ensemble de la production, de Dombes comme des autres régions européennes, se trouve simultanément sur un marché saturé. Afin de désengorger ce dernier, des pêches progressives sont effectuées via les bassins et autres pièges, cherchant à écouler progressivement le poisson au long de l’année.

Cage-abri pour les poissons

Une foulque niche sur une cage de protection pour les poissons, en l'absence de la végétation aquatique nécessaire à sa nidification.

L’effarouchement hivernal des oiseaux piscivores est incontournable de novembre à fin mars, voire au-delà. Les étangs résonnent des détonations des canons à gaz (« tonne-fort ») générant des conflits entre les usagers, pisciculteurs et chasseurs. Des "carrés noirs", parties apparentes de cages subaquatiques grillagées dans lesquelles vient se réfugier, voire se déstresser le poisson fleurissent sur les étangs. Les pêcheries se couvrent de filets destinés à évincer les prédateurs.

Un vrai découragement mais aussi des rumeurs

Malgré ces efforts, la rumeur court que la plupart des étangs ne sont plus empoissonnés : mais dès la première consultation sérieuse des professionnels – les négociants [14] –, il s’avère que cela est bien le contraire.

On projette d’assécher définitivement les étangs, le cours des céréales étant, bien que spéculatif, raisonnablement plus sûr et plus tentant que celui de la carpe… La « menace » n’est pas vaine, certes, mais c’est encore sans compter jusqu’ici sur l’attachement passionnel du Dombiste à ses étangs, qui fait que le système tient encore, même à bout de bras. Et tout bras a son seuil de résistance.

« Les oiseaux vous font vivre », me confiait un propriétaire d’étangs, « moi, ils me ruinent. »

Comme les écologistes et une part de la communauté scientifique, les gestionnaires d’étangs pointent du doigt la qualité de l’eau. Partagés entre incrédulité, incertitudes, mais aussi convictions en l’absence de toute autre explication logique, les Dombistes se font encore discrets sur le sujet. Par prudence, ou par peur de stigmatiser un voisin paysan, un membre de la famille ou simplement un ami. La Dombes est ainsi perçue par ceux qui y vivent sans être dombistes. Paradoxalement soucieuse malgré tout, dans son manque d’unité sociale, d’un certain consensus, plutôt mou d’ailleurs : tous ceux qui « font » la Dombes se connaissent, se côtoient, chassent ou pêchent ensemble, et les vraies discussions ont souvent été éludées dans un passé récent. L’eau donc ? Des études sont en cours et d’autres vont être menées : impact des engrais (azote, phosphore), des phytosanitaires (herbicides, insecticides) [15].

Etang Poisolet, Birieux, étouffé par les cyanophycées

On ne pourra compter sur un retour à une bonne productivité piscicole des étangs sans une stratégie concertée d'amélioration de la gestion agricole des bassins versants.

Quant aux rapports qui président à la circulation et au partage de l’eau entre les propriétés, de nombreuses zones de flou demeurent : mésententes perceptibles sur le terrain, menaces d’actions en justice.

Inégaux devant l’étang…

Progressivement, nous l’avons écrit précédemment, la société rurale dombiste se modifie. Le patrimoine éclate au fur et à mesure des successions. Dans cette sphère que représente la propriété, on retardera au maximum l’échéance qui amène, faute de trésorerie, à se défaire, non sans déchirement, d’une parcelle du bien qui retrace l’histoire, qui représente la fierté et l’identité familiales.

L’étang se « démocratise ». Accéder à la propriété d’un étang, c’est afficher une certaine réussite professionnelle, c’est aussi affirmer son identité en tant que vrai Dombiste, ainsi que l’a écrit Vanessa Manceron dans son livre Une terre en partage [16]. Il y a parfois comme un doux air de revanche sociale lorsque la famille de l’ancien fermier rachète l’étang à l’héritier du propriétaire. L’étang intègre alors l’exploitation agricole à l’instar d’une parcelle cultivée. Cette frange d’exploitants recherche une régularisation du revenu de l’étang, ce qui se traduit par la mise en œuvre de nouvelles pratiques, une implication individuelle accrue, des investissements destinés à optimiser l’outil de production. Cette imagination et ce dynamisme ne sont pas le seul fait de ces exploitants : les propriétaires historiques leur emboîtent le pas.

Une majorité des étangs n’est pas encore concernée par un tel degré d’implication dont les tenants sont indissociablement culturels et économiques.

Pour certains propriétaires, l’éloignement géographique devient culturel, délaissant manifestement la gestion piscicole et l’entretien des étangs à cette fin.

Sur les étangs manquant d’une présence régulière, la circulation d’eau se détériore, la production de poisson devient secondaire ou, attendue malgré tout, mais vainement, suscite d’autant plus de ressentiment envers des oiseaux piscivores qui visitent l’étang en toute impunité. Il y a bien le fermage pour tenir l’étang… Mais le propriétaire hésite devant les contraintes : les incompatibilités entre la production piscicole et la chasse, son sentiment de « dépossession », sans compter les contraintes du bail, bâti sur le modèle agricole, d’une durée de neuf ans reconductible… Qui implique un relationnel sans faille.

D’autres ne ressentent simplement pas la nécessité d’un investissement nécessaire à l’optimisation du revenu piscicole. Peut-être doit-on les rattacher à cette majorité qui pratique encore une gestion « lâche » de l’étang, une pisciculture très extensive.

D’autres encore, parfois – souvent ? – étrangers à la Dombes, investissent dans l’étang, constituant ainsi quelques rares et très grands domaines à vocation mixte, piscicole et cynégétique : leur implication dans la démarche locale insuffle même une certaine énergie aux Dombistes de souche, non systématiquement dotés de la même ressource pécuniaire. Une telle typologie du microcosme local ne couvre pas, loin s’en faut, l’ensemble des profils qui font la Dombes, à laquelle ils confèrent son identité physique et écologique. Tous ne se retrouveront pas dans les exemples donnés. Mais tous se heurtent à la difficulté de produire du poisson, d’une part en atteignant la limite de leur technicité, avec ou sans espèces prédatrices, et d’autre part parce que le système extensif, par définition, non totalement maîtrisé, réserve nombre d’inconnues, d’impondérables.

Un aérateur en marche sur l'étang du Grand Birieux

Technicité, vigilance : des atouts pour une bonne marche de l'étang (ici un aérateur en marche)

Travaux "normaux" d'entretien du bief sur le Grand Birieux

Travaux "normaux" d'entretien du bief sur le Grand Birieux : des coûts d'entretien à inclure dans l'ensemble des charges d'un étang

Il semble pourtant que l’on puisse produire du poisson en Dombes, et en vivre, selon un constat récent qui dresse un bilan moins négatif que ce à quoi on était préparé. Cela, à condition de s’investir, d’investir en moyens et en technicité, de recouvrer les niveaux de production primaires de l'étang (planctons, macrophytes) via une amélioration de la qualité des eaux, de progresser dans les stratégies commerciales. Dans une démarche concertée sinon commune, sans pour autant prôner un modèle de production unique, lequel irait à l’encontre de la richesse biodiversitaire.

Sans doute, devra-t-on trouver les entrées en termes de communication auprès du plus grand nombre afin de valoriser l’image de notre poisson – un produit du développement durable – et de faire évoluer les habitudes gastronomiques du consommateur.


  1. Parmi eux, le comité technique de la commission Étangs du Contrat de développement Dombes - Val de Saône. []
  2. Noter que je n’emploie pas le terme « affecté » : un écosystème que nous ne sommes pas en mesure de prévoir se mettrait en place, qui ne répondrait pas à celui que nous connaissons, et qui avait mis des centaines d’années à se construire []
  3. Mission interministérielle sur l’aquaculture, 2007-2008 ; chef de mission : Hélène Tanguy, maire du Guilvinec et conseillère régionale de Bretagne, assistée de Philippe Ferlin (ingénieur du génie rural des Eaux et Forêts) et Jean-Michel Suche (administrateur général des Affaires maritimes []
  4. Selon un Diagnostic de territoire (2010) à l’initiative du Contrat de développement durable Rhône-Alpes Dombes - Val de Saône. []
  5. Jeune carpe []
  6. Jeune brochet []
  7. Jean-Dominique Lebreton et Daniel Gerdeaux, Gestion des populations de grand cormoran Phalacrocorax carbo séjournant en France, rapport CEFE/INRA, ministère de l’Environnement, 1996 []
  8. Joël Broyer et al, « Impact des oiseaux piscivores sur la production des étangs piscicoles », Faune sauvage, n° 268, 2005, p. 33-41 ; Laurence Curtet, Maurice Benmergui et Joël Broyer, « Le dispositif exclos/témoin, un outil pour évaluer l’efficacité de la régulation du ragondin », Faune sauvage, n° 280, 2008, p. 16-23. []
  9. Joël Broyer, « Régime alimentaire du grand cormoran (Phalacrocorax carbo sinensis) dans les régions françaises de pisciculture extensive en étangs », Nos oiseaux, n° 43, 1996, p. 397-406. []
  10. ITAVI : http ://ladombes.free.fr/Les_etangs/Les_etangs_en_Dombes_Outil_de_production.htm []
  11. Chambre d’agriculture de l’Ain / Région Rhône-Alpes, février 2004. []
  12. Joël Broyer et al, « Impact des oiseaux piscivores sur la production des étangs piscicoles, faune sauvage », art. cité. []
  13. Laurence Curtet, Maurice Benmergui et Joël Broyer, Suivi annuel de l’écosystème Dombes et Val de Saône (Ain), Natura 2000 / ONCFS / ministère de l’Écologie et du Développement durable, 2009. []
  14. Les représentants de Coopépoisson, au cours d’une restitution publique d’un Diagnostic de territoire (2010) au Parc de Villars-les-Dombes, déclaraient gérer les pêches de 600 étangs en Dombes, auxquels il faut ajouter les étangs pêchés par 4 autres négociants. []
  15. ISARA-Lyon, ONCFS, INRA. []
  16. Une terre en partage. Liens et rivalités dans une société rurale, Éditions de la Maison des sciences de l’homme, coll. « Ethnologie de la  France", 2005. []
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10sept/11Off

Dombes d’Hommes et d’OIseaux – LE LIVRE – est paru

Le livre "Dombes, D'Hommes et d'Oiseaux" EST EN VENTE en librairie

Éditions régionales "Édith & moi".

Cet ouvrage est un cri à la biodiversité, un appel aux amoureux de la Nature et de la Dombes des étangs et d'au-delà. Une authentique révélation auprès du plus grand nombre sur la diversité des formes de vie qui nous côtoient au plus près. Un pas important vers la connaissance d'une région singulière, une information essentielle qui se veut objective et utile, à un moment crucial dans la profonde réflexion environnementale dont elle fait l'objet. Laissez vous surprendre par l'oiseau dans sa multiplicité et dans son cadre de vie, par l'explosion de ses formes, de ses couleurs, de ses comportements. Informez-vous sur le statut actuel et sur les origines de l'évolution récente de nombreuses espèces auprès d'un ornithologue doublé d'un environnementaliste, d'un photographe de nature, d'un amoureux des mots.

Pour se faire une idée :

http://www.oncfs.gouv.fr/CNERA-Avifaune-migratrice-ru89/Parution-de-Dombes-d-Hommes-et-d-Oiseaux-ar1240

  • Le livre "Dombes, D'Hommes et d'Oiseaux" sera publié à la fin-novembre par les Éditions régionales "Édith & moi".
  • Cet ouvrage est un cri à la biodiversité, un appel aux amoureux de la Nature et de la Dombes des étangs et d'au-delà. Une authentique révélation auprès du plus grand nombre sur la diversité des formes de vie qui nous côtoient au plus près. Un pas important vers la connaissance d'une région singulière, une information essentielle qui se veut objective et utile, à un moment crucial dans la profonde réflexion environnementale dont elle fait l'objet. Laissez vous surprendre par l'oiseau dans sa multiplicité et dans son cadre de vie, par l'explosion de ses formes, de ses couleurs, de ses comportements. Informez-vous sur le statut actuel et sur les origines de l'évolution récente de nombreuses espèces auprès d'un ornithologue doublé d'un environnementaliste, d'un photographe de nature, d'un amoureux des mots.
  • IMPORTANT : Pour toucher ce plus grand nombre, pour permettre une large diffusion de cette information, pour obtenir un ouvrage d'une qualité irréprochable, une souscription est lancée, dont vous trouverez les détails dans le fichier .PDF ci-joint, ainsi que le synopsis de l'ouvrage.
  • Vous faites partie de l'aventure comme lecteur. Bien plus encore votre contribution en amont de sa réalisation est déterminante : il ne tient qu'à vous de faire vivre ce livre.
  • Adhérez, ou faites-vous simplement le relais de cette initiative, en activant vos réseaux : élus, étudiants, associatifs, médiathèques, ouvrages spécialisés d'ornithologie, de pisciculture, d'environnement, de chasse, etc.


  • A très bientôt ...

Maurice Benmergui

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1sept/11Off

A propos de la chasse

Chasse et propriété privée : des liens forts et anciens

La pisciculture ne peut faire oublier que la Dombes est également et sans conteste une « terre de chasse », d’aucuns appelant récemment au concept de « pays cynégétique ».

La réputation de la Dombes pour les chasseurs de gibier d’eau a longtemps été justifiée. Bien qu’étant peu documenté, le goût de la chasse pour les grands capitaines d’industrie de la région lyonnaise est en partie à l’origine du développement des grandes propriétés et des grands rendez-vous de chasse : elle se développerait donc au cours de la grande croissance industrielle de la seconde moitié du XIXe siècle. Les locations de chasse, répondant soit à un besoin, soit à une nécessité de valorisation du patrimoine, sont plus récentes, sans doute généralisées au cours des années soixante-dix.

Un hectare d’étang se négocie sur la base de 60 000 francs (environ 9 000 euros) au cours des années quatre-vingt-dix; 10 000 euros actuellement, et plus encore. L’hectare de terre agricole se vend trois fois moins cher, corroborant le propos du père Étienne Goutagny, moine trappiste à l’abbaye du Plantay et grande figure locale : « La valeur de la terre n’était due que par le produit qui en était tiré . » Végétal ou, donc, animal.

Si l’on se réfère au discours local ambiant, qui soutient que la pisciculture est sans avenir, la chasse serait alors la constante de chaque nouvelle création d’étang. Notons au passage qu’en 2010, on crée encore plus d’étangs qu’il n’en disparaît.

Le nombre de chasseurs en Dombes est relativement stable alors que la population cynégétique nationale diminue. La Dombes accueillerait annuellement environ 2 000 à 2 500 porteurs de permis de chasse, selon une statistique rendue possible en partie par les validations de permis prises dans le département de l’Ain, lorsque le timbre « gibier d’eau » était en vigueur, ce jusqu’au début des années 2000. Cette estimation englobe environ 300 chasseurs validant leur permis dans un autre département et bénéficiant d’un permis « 3 jours », chasseurs invités le plus souvent. Selon leur profil, les chasseurs sont concernés à des degrés divers par la gestion, la conservation et le revenu de l’étang en tant que patrimoine.

Cette chasse est essentiellement organisée autour de la propriété privée : ainsi on ne trouve que peu de chasses communales en Dombes, contrairement aux pays d’Ain voisins (Bresse, plaine de l’Ain, Val de Saône). Les coûts de location sont généralement élevés (environ 100 à 150 euros l’hectare d’eau). Les modalités de chasse sont variables. Toutefois, certaines « grandes » propriétés n’éprouvent pas la nécessité pécuniaire de déléguer leur droit de chasse, d’en tirer un revenu. Elles se réservent ce droit de chasse. En fonction de son intérêt, cynégétique, naturaliste, patrimonial ou comptable, le possesseur du droit de chasse, en propriété ou par délégation, préservera, du moins autant qu’il lui est possible, une qualité des milieux « naturels », à la fois par souci d’esthétisme – une manière aussi de ressentir son patrimoine, un « bel étang », proche de celle des environnementalistes – et parce que l’étang est le siège de production d’une part du futur tableau de chasse : le lieu de reproduction spontanée de nombreux oiseaux d’eau, des canards notamment. Une autre part importante du tableau de chasse de la Dombes étant fournie par les courants migratoires entre Europe du Nord et Méditerranée/Sahel.

Le propriétaire conserve le plus souvent ses droits sur la gestion de la part en eau de la propriété, maîtrise qu’il possède de moins en moins sur les terrains environnant l’étang.

Ces propriétés entretiennent leur patrimoine, recherchant a priori moins le profit qu’une forme de balance budgétaire, qui peut même encore être intuitive : le patrimoine est un lieu de loisir plus qu’un outil de production piscicole. Cette forme de gestion (dont on ne sait si elle prévaut en Dombes, mais dont le rôle est sans doute prépondérant dans le maintien de la biodiversité) peut s’opposer, à certains égards, à une forme de pratique piscicole plus dynamique, plus économiquement viable, sinon rentable.

Il est probable que lorsqu’un désaccord entre exploitant piscicole et bénéficiaire du droit de chasse touche l’entretien de l’étang, des milieux végétaux notamment, il s’agit essentiellement d’un défaut de communication et de sensibilisation à des objectifs communs : la végétation aquatique, correctement gérée, pour partie conservée, sera tout aussi favorable à la production piscicole et à la protection des poissons qu’à l’ensemble de la biodiversité.

Il est plus difficile de s’entendre lorsqu’il s’agit d’écarter les oiseaux piscivores sans effaroucher la faune chassable, car les objectifs respectifs s’opposent alors : la période automno-hivernale est tout autant la période des pêches que celle de la chasse. Il était donc compréhensible que la problématique des oiseaux piscivores devienne un enjeu important, commun, et non matière à opposition.

Alors que la richesse naturelle recule, la chasse dombiste tire plutôt partie dans les processus environnementaux actuels de son rôle indéniable d’une part dans la conservation des milieux aquatiques, d’autre part en tant que revenu supplémentaire de l’étang. Un revenu dont il est actuellement encore malaisé de démontrer l’importance réelle ou relative dans la gestion globale de l’étang.

Notons que l’éventuelle incidence de la chasse en termes de prélèvements, et son impact sur les populations chassables, plus particulièrement à l’ouverture, ne sont de ce fait sans doute que rarement remis en question dans la recherche du consensus local. La conservation de populations viables d’anatidés passe sans aucun doute par un prélèvement responsable et mesuré de la chasse. Et sans doute celle-ci, écoutée, actrice au plus proche du terrain, doit-elle s’investir encore plus auprès de ses partenaires habituels à des fins de sensibilisation de conservation des milieux naturels.

Depuis quelques années, le gibier d’eau se faisant plus rare, les pratiques cynégétiques s’adaptent en se tournant vers une faune plus dynamique (sanglier). À nouveau, seules sont possibles les conjectures quant aux conséquences écologiques et économiques de ce changement de pratiques (diminution des surfaces en eau, baisse des prix des locations de chasse…).

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10juin/11Off

De la haie…

Si toutefois Natura 2000 a défini ses priorités, dont la hiérarchisation est fonction d’une part des enjeux que représente le local dans la biodiversité nationale, et d’autre part de la masse budgétaire qui lui est allouée, alors, la haie n’en fait partie. Alors que dans l’application de la Directive Oiseaux, concrétisée sur le terrain par l’extension du périmètre Natura 2000, on s’attachera à réhabiliter la prairie, la haie, complément linéaire de la strate herbacée, et détentrice de plusieurs espèces animales inscrites dans ladite directive ainsi que dans la Directive habitats (Chiroptères [1], est ignorée.

Bresse et Dombes sont sœurs, au point que l’on ne sait pas toujours où commence l’une et où finit l’autre. Toutes deux ont leurs étangs, leurs haies, et il semble qu’on ne leur laissât point d’alternative : le bocage définirait le paysage de la première comme l’étang signe celui de la seconde. Le bocage bressan, ancré dans son paysage depuis le 17ème siècle, et bien qu’ayant… de beaux restes, a souffert encore dans un passé récent. Parlant de la Bresse, on se rendra sans doute bientôt compte qu’on aurait pu anticiper et se préoccuper également d’étudier le potentiel biologique de ses étangs, complémentaires de ceux de la Dombes, et réceptifs à une part de la faune de cette dernière et qui n’y trouverait plus sa place… Mais comme les étangs de Bresse, le « bocage » de Dombes ne suscite qu’insuffisamment d’intérêt, ne fait l’objet d’aucun monitoring. Et il s’altère dans une indifférence qui préoccupe au moins les environnementalistes.

La haie est pourtant omniprésente en Dombes. Celle-ci s’est faite discrète grâce à elle. C’est elle, avant les cultures, qui dissimulait les eaux, seulement perceptibles grâce aux voix sauvages qui en jaillissent. Le nord de la Dombes, plus orienté vers l’élevage, plus prairial, semble avoir mieux conservé son réseau bocager. Mais peut-on seulement parler de bocage ? Peut-être. Et encore, localement seulement on retrouve l’ambiance des chemins creux ombragés et des eaux miroitant à distance au travers des branchages. Élevage, pâtures, des haies pour clôtures…On reconnaît là l’histoire et les premiers rôles dévolus à la haie : séparatrice de parcelles, de propriétés, lieu d’affouage [2] réservé au fermier et de récolte de quelque bois d’œuvre. Au long de l’étang, le rideau d’arbres qui l’enchâsse, clôt la propriété, occulte jusqu’à son existence, en une quête réussie d’intimité.

Mais la haie, basse et buissonnante ou de haut jet, qui sépare les cultures et les pâtures, borde les fossés et les cours d’eau, retient les sols et limite les effets érosifs du vent ou du ruissellement, tamponne certaines pollutions, celle-ci mérite notre attention. A nos yeux elle rompt la monotonie des plaines. Pour la faune, elle crée un univers et en relie d’autres. Elle est relais ou port d’attache. Le saule têtard ou le vieux chêne recèlent en leurs creux aubiers le Pigeon colombin et la Hulotte Strix aluco. La Fouine y gîte comme la Noctule et le Vespertilion [3], en attendant l’heure ou l’ombre remplacera la lumière.

Traversant la prairie en un binôme gagnant, on y verra la Pie-grièche dominer l’épineux, Aubépine ou Epine noire, d’où elle plongera sur sa proie.

Dominée par le Chêne et quelque Frêne, la continentale Fauvette babillarde en laisse échapper son trille vif comme une cascade. Face au soleil, c’est la Fauvette grisette Sylvia communis qui prend le relais d’une courte strophe bondissante et aigrelette, accompagnée de la diatribe soutenue et déconcertante de l’Hypolaïs polyglotte Hypolais polyglotta.

Alors qu’elle est peut encore être considérée comme incompatible avec les modes de production céréalière plutôt adaptés aux grands parcellaires, et alors qu’aucun texte n’interdit de couper une haie, on assiste à des opérations de réhabilitation du bocage, essentiellement en Bresse. Pour exemples, d’une part la Communauté de Communes de Pont de Veyle, laquelle intègre quelques communes du nord-ouest Dombes, et d’autre part le syndicat mixte des Territoires de la Chalaronne, pour ce qui concerne l’aval de cette rivière – nous avons quitté la Dombes des étangs- sous l’impulsion du Contrat de rivière soutenu lui-même par un réseau de partenaires, [4], l’Agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse et la Fédération Départementale de Pêche de l’Ain ont lancé un projet de replantation de haies.

Dans l’Ouest de la Dombes au contact de la rivière Formans, le Syndicat Intercommunal d’Aménagement Hydraulique de Trévoux et des environs (SIAH) appuyé par la Chambre d’Agriculture de l’Ain a prévu de replanter plusieurs kilomètres de haies doublées de bandes enherbées, après que des orages causèrent inondations et coulées de boue.((Brève de territoire, Chambre d’agriculture de l’Ain, n°5 nov. 2010))

Ces attentions sont louables mais sans doute encore loin d’être à la hauteur de la toujours actuelle valeur patrimoniale et paysagère de la haie. Lorsque l’une d’elles a disparu, et que d’aventure – au sens littéral du mot - on la replante, il lui faudra plusieurs décennies pour recouvrer la diversité de son peuplement. Cela prendra moins longtemps pour un arbre fruitier ou un saule que pour un chêne, pour qu’une cavité se creuse et accueille la Huppe fasciée Upupa epos et la Chevêche Athene noctua. Et encore moins longtemps si on ne la détruit pas.

Un grand chêne abattu

Le spectacle de ce grand chêne déraciné, quelles qu'en aient été les raisons, interpelle quant à l'interaction entre pratiques actuelles et maintien de la biodiversité.

Et ce songe était tel, que Booz vit un chêne

Qui, sorti de son ventre, allait jusqu’au ciel bleu ;

Une race y montait comme une longue chaîne ;

Un roi chantait en bas, en haut mourait un Dieu.

((V. Hugo, La Légende des Siècles, 1859, Première Série II))

Il nous faudra compter sur une information continue, sur une véritable stratégie de sensibilisation auprès des exploitants pour que ceux-ci, au moins sur des initiatives individuelles –c’est parfois le cas - commencent de considérer leurs haies sous un angle qui ne serait plus celui de la gêne.

Chevêche d'Athéna

Le peuple de la nuit : Chevêche d'Athéna...

... La Chouette hulotte

...La Chouette hulotte : le Chat-huant

Et pourtant, je ne puis (…)

Entretenir cette calme sagesse qu’il y a longtemps

Le grave maître athénien enseigna aux hommes

L’assurance de soi, la connaissance de soi, la tranquillité d’esprit

Pour voir passer la tête haute les vains fantasmes du monde.

Hélas ! Ce front serein, ces lèvres éloquentes,

Ces yeux qui furent le miroir de l’éternité,

Reposent dans leur propre Colone [5], une éclipse

A dissimulé la Sagesse, et Mnémosyne

N’a plus d’enfant ; et dans la nuit où elle avait prévu

Qu’il s’évaderait facilement, le hibou d’Athéna [6] lui-même s’égara. »

((Oscar Wilde, Humanitad, 1881))

La Pie-grièche écorcheur

Rapace parmi les passereaux, terreur des mille et une pattes, depuis l’araignée Thomise, caméléon à l’affut de l’abeille qui viendra butiner l’églantine, jusqu’au minuscule Rat des moissons dont l’œil s’allume à l’entrée de son nid d’herbe perché.

Pie-grièche écorcheur/mâle Pie-grièche écorcheur/femelle

Mi-faucon guettant sa proie depuis une clôture, le sommet d’une haie, ou un câble électrique qui longe la route secondaire, mi-gros moineau auquel elle emprunte parfois la voix, elle qui, en vraie Diane préfère le silence.

Elégante et sereine, telle est la Pie-grièche écorcheur Lanius collurio, petit seigneur des étés européens qui associe indéfectiblement la haie épineuse et les prés : la première protège sa progéniture, les derniers sont son terrain de chasse.

Un Campagnol a fait les frais de la chasse de ce mâle Pie-grièche, une chenille ceux de sa femelle

Ponctuant son territoire, sa signature annonce son régime alimentaire et règne par la peur sur ses sujets : un garde-manger aux allures de gibet. L’Epine noire et l’Aubépine, à moins que ce ne soit le croc d’un fil barbelé, se font planche à larder, exposant brochettes de Cétoine, de Sauterelle verte, ou encore bras de Campagnol agreste.

En Dombes, la Pie-grièche écorcheur est la plus régulière représentante de sa famille, sans jamais être abondante. On y croise bien occasionnellement quelque Pie-grièche à tête rousse Lanius senator, migratrice en escale, mais cela est bien rare. En hiver presque exclusivement, la Pie-grièche grise Lanius excubitor se substitue à l’écorcheur, préférant comme poste d’affût les câbles du téléphone aux branches d’aubépine.

La Pie-grièche écorcheur est, des oiseaux prairiaux, celui qui devrait s’en sortir le mieux : parce qu’elle ne niche pas au sol et n’est pas assujettie au rythme des fenaisons. Las, la haie n’a pas encore la totale faveur d’un monde agricole, en mutation certes, mais où, perdurent – nécessité ou besoin – des pratiques sans doute désormais révolues. La haie – doit-on encore parler de bocage – recule encore, pressée par une optimisation des temps et coûts de production, héritages du Grand Remembrement des années soixante, confrontée à une mécanique puissante vouée à de vastes parcellaires uniformisés.

Population :

Effectifs toujours sous-estimés du fait de sa discrétion (elle chante rarement) en l’absence de dénombrements spécifiques ; actuellement aucune estimation sérieuse des populations. D’assez commune dans les années soixante et soixante-dix, elle est devenue plus localisée, voire absente de communes dépourvues de bocage et de surface en herbe.  Très belle population en Val de Saône, certaines communes comptant de l’ordre d’une centaine de couples.

Directive oiseaux

La Huppe fasciée

La huppe s’anime d’un va et vient langoureux d’éventail. Dérangé dans sa quête d’un insecte terrestre, un grillon peut-être, l’oiseau semble courroucé. Comme contraint de s’élever du chemin creux d’un vol papillonnant. On entendra mais un peu plus tard son appel comme assourdi, lointain, une onomatopée quasi-parfaite qui lui a donné son nom scientifique (au passage, « Upupa » ne signifiant pas « huppe »!) : « houpoupou »…

La Huppe fasciée Upupa epops c’est une part d’exotisme dans notre ruralité, un visiteur d’été aux accents subsahariens transposé à nos frais bocages. Grande pourfendeuse de courtilières, alliée du jardinier et autre maraîcher sous nos latitudes, elle devient terreur des criquets et des sauterelles en Afrique, où l’hiver venu elle rejoint des sédentaires conspécifiques. Son nid, elle l’aménage dans un de ces arbres creux, pommiers de ce verger où elle le disputera peut-être à une Chevêche, plus surement encore à un Etourneau sansonnet, un trou dans le chêne de cette haie, dans une fissure du pisé d’un vieux mur de cette ferme.

On l’aura compris, son habitat est composé, varié, de lisières et de vieux arbres, de prés, de jardins et de friches. Tiens comme la Chevêche, ou peu s’en faut !

Commune avant 1960 [7], elle est donnée sur le déclin dès le milieu des années 1970. La tendance, qui ne tient pas qu’à la Dombes, ni à la région Rhône-Alpes, ne s’est pas inversée depuis [8].

Population

Quelques couples en Dombes où sa population décline. Elle est d’observation encore plus régulière en Val de Saône et en Bresse.

Huppe fasciée

Hypolaïs polyglotte

  1. Chauves-souris []
  2. Terme plus généralement appliqué à un droit de récolte du bois « à mette au feu », ou au foyer, dans les parcelles communales []
  3. chauves-souris []
  4. le Conseil Régional Rhône-Alpes, Le Conseil Général de l’Ain []
  5. Colone : bourg de l’Attique, patrie de Sophocle []
  6. Le nom complet de la chevêche est « Chevêche d’Athéna », la déesse dont elle est la compagne de tous les instants. []
  7. Meylan (1938) et Vaucher (1955) in Alain Bernard et Philippe Lebreton :2007, Les oiseaux de la Dombes : une mie à jour []
  8. Les oiseaux nicheurs rhônalpins, 1975, CORA []
16jan/11Off

Visiteurs venus du froid (2) : la Buse pattue

Voir aussi mon album photo éponyme : "Visiteurs venus du froid (2) : la Buse pattue".

L'hiver 2010/2011 n'en finit pas, ainsi, de nous révéler son lot de surprises ornithologiques.

Buse pattue  perchée sur un cèdre
Buse pattue : remarquer les tarses emplumés

Quelques jours après que douze Cygnes chanteurs ont été localisés à l'Est de la Dombes, un ornithologue [1] repère une Buse pattue à proximité d'Ars sur Formans. La probabilité est rarissime de découvrir, et d'identifier une Buse pattue Buteo lagopus parmi la masse de buses variables Buteo buteo hivernantes - bien supérieure à l'effectif estival- omniprésentes sur le bord des routes où, en hiver, les opportunités de se nourrir à bon compte de proies écrasées sont nombreuses. Il fallait donc bien pour cela un ornithologue confirmé.

Celui-ci a-t-il été interpellé par la relative indifférence de ce rapace littéralement scotché autour d'un rond-point à grande circulation, dans l'immédiate proximité de Villefranche-sur-Saône ? Ou lorsqu'elle chassait en vol stationnaire dit du "Saint-Esprit" ? Ce comportement occasionnel chez la Buse variable étant plus caractéristique de la "pattue".

Faire la différence entre les deux espèces de buses est un véritable exercice de style, surtout si on considère la variabilité des plumages de la Buse variable ! Pour faire court, la Buse pattue se reconnait essentiellement au vol à sa queue blanche, ou pâle, avec une (ou plusieurs) barre terminale - ou plutôt subterminale -sombre, à ses "poignets"  également sombres vus de dessous, et à une large zone ventrale sombre également.  Au repos, ses tarses (les pattes) semblent plus courts que ceux de la Buse variable et surtout sont emplumés.

Buse pattue au sol
Buse pattue : ventre largement barré de sombre, bord d'attaque des ailes pâle

Buse pattue : l'envol
Buse pattue : à l'envol base de la queue claire et barre sombre terminale, "poignets" sombres

La Buse pattue est un visiteur hivernal arctique : elle nous gratifie de sa présence pour un second hiver consécutif. En 2007, le CORA ne recensait que 3 citations datant de 1948, 1983 et 1988 ! Sa distribution hivernale s'arrête en principe à nos frontières septentrionales et orientales. En fait, là où s'arrête la distribution estivale de la Buse variable vers le Nord, la Buse pattue la remplace : c'est essentiellement une buse de la toundra où elle se nourrit essentiellement de micro-mammifères , tels que les campagnols.

Celle qui nous rend visite est un jeune.

Son comportement peut paraître déconcertant : elle chasse à l'affût depuis les panneaux indicateurs qui bordent un nœud routier extrêmement fréquenté, plonge sur ses proies par devant les véhicules, se complait à trôner sur un jeune cèdre qui matérialise le centre d'un rond-point. L'oiseau n'a-t-il jamais eu de contact avec l'homme ? Ou bien au contraire, vient-il d'un milieu fortement anthropisé (postulat certes sujet à discussion, car au cœur du grand Nord...) ? Rapidement devenue coqueluche de la communauté ornithologique et photographique locale, elle peut faire montre de quelque lassitude, à changer de perchoir plus fréquemment qu'elle ne le désire, au risque de de multiplier ses risques de collision avec les véhicules. C'est la difficile rançon de sa rareté en ces lieux. Bref, ayant profité également de son apparente passivité, nous souhaitons collectivement que les conditions qui l'ont poussé à stationner en Dombes favorisent sa survie et non l'inverse...

La 1ère version de cet article est rédigée à la mi-janvier  2011. Une conclusion tristement prémonitoire : ce splendide visiteur, trouvera finalement la mort "au bout de la route" un mois plus tard, aux environs du 20 février, percutée par un véhicule...

Quelques photos de Buse variable : testez votre capacité à faire la différence

Buse variable

Buse variable, plumage type

Buse variable perchée, paysage de neige

Buse variable : des tarses plutôt longs et non plumés

Buse variable au sol sur une proie

Buse variable : une queue sans barre terminale sombre, absence de contraste

Buse variable type en vol

Buse variable, "morphe" type, des similitudes avec la "pattue" mais queue sombre

  1. Maxime Birot-Colomb []
9jan/11Off

Visiteurs venus du froid

Voir aussi mes deux albums photos éponymes : "Visiteurs venus du froid" et "Visiteurs venus du froid (2)".

Lorsque les Environnementalistes sont moroses, les Naturalistes eux ont toujours de quoi voir la vie, simplement, en rose. Car, quelle que soit la marche du temps, quelles que soient les évolutions de la biodiversité, dont les plus attendues restent invariablement négatives, un lieu géographique donné apportera toujours son lot de nouveautés, de raretés, parfois d'incongruités ornithologiques. Le Biologiste est supposé avoir un vision élargie des interactions qui ont une incidence sur la distribution et les tendances démographiques des espèces.

Ce qui aujourd'hui est considéré comme un phénomène occasionnel ou exceptionnel comme l'arrivée dans une région d'une espèce inhabituelle, pourrait à terme devenir la normalité : ainsi évolue la vie, qu'on la pousse ou non dans telle ou telle direction. Ces thèmes sont abordés dans deux autres articles : "En hiver" et "L'évolution des populations d'oiseaux".

L'hiver 2010/2011 laissera une trace dans les annales locales et pas seulement parce que notre pays aura été comme  paralysé par quelques flocons, ce qui somme toute change peu à la relative rudesse des hivers tels que perçus habituellement par les Dombistes, du moins lorsque non manipulés par des médias en talons aiguilles et escarpins. En fait la vague de froid qui a déstabilisé l'Europe a également poussé son lot d'oiseaux migrateurs bien au-delà de leur distribution hivernale normale.

Le Cygne chanteur Cygnus cygnus, le Cygne de Bewick Cygnus bewickii sont de ces touristes venus du froid.

La Buse pattue Buteo lagopus également. Cette dernière que nul autre qu'un ornithologue confirmé pourra extraire de la masse des buses variables Buteo buteo, autrement dit notre buse "commune", visibles depuis le bord de nos routes, plus commune d'ailleurs en hiver qu'en été,  nous gratifie de sa présence pour un second hiver consécutif : en 2007, le CORA ne recensait que 3 citations datant de 1948, 1983 et 1988 !

Avant Noël 2010, deux Cygnes de Bewick sont observés au Plantay (01). Du 15 au 20 janvier précédent deux "Bewick" avaient déjà fréquenté la Dombes (Monthieux). La Dombes totalise une quinzaine de mentions depuis 1966 (A. Bernard/CORA-Ain). Le Cygne de Bewick est un hivernant régulier en France depuis 1960 environ. Ses effectifs demeurent néanmoins modestes, navigant entre cent et deux cents oiseaux, répartis notamment entre la Camargue, les lacs et étangs de Lorraine (Forêt d'Orient) et de Champagne (Der-Chantecoq).

Mais 2010 marque surtout un hivernage exceptionnel du Cygne chanteur en Dombes ! C'est la 6ème mention locale de cet oiseau. La dernière remontait à 1998, et au mieux, 7 oiseaux étaient notés au Plantay en 1985 (A. Bernard/CORA-Ain). Cette fois il s'agit d'un groupe de 12 oiseaux. Cet effectif a de quoi être exceptionnel : le Cygne chanteur, bien qu'étant également un hivernant régulier dans notre pays ne totalise qu'occasionnellement une centaine d'individus essentiellement répartis entre les lacs lorrains, champenois et le cours du Rhin.

Des cygnes chanteurs dans un colza

Cygne chanteur

Un afflux de ces deux cygnes septentrionaux en France est le plus souvent lié à un épisode météorologique hivernal particulièrement rigoureux sur leur aire d’hivernage habituelle, très globalement située sur les pays à la périphérie de la Mer du Nord. Les deux espèces se reproduisent essentiellement dans la toundra arctique, le Bewick étant encore le plus septentrional des deux, se cantonnant aux confins de l'Océan Glacial Arctique (Nouvelle Zemble par exemple), le Cygne chanteur se reproduisant plus au sud déjà, en Suède.

Cygne de Bewick

Cygne de Bewick : bien plus petit que le Cygne tuberculé ; bec plus noir que jaune

La présence simultanée de ces deux oiseaux est donc un véritable événement en Dombes. Même si cette région est plutôt coutumière d’hivers plutôt rigoureux, dus à sa situation géographique, et pouvant paraître amplifiés par leurs atteintes physiques sur les paysages : le gel fige les étangs de Dombes 2 à 5 semaines par an. Il n’y a pas si longtemps, au cours de l’hiver 2005/2006, qui avait plus marqué les esprits par son noir épisode d’Influenza aviaire, les étangs n’avaient pas dégelé durant plus de 40 jours d’affilée.

Pour les ornithologues, la recherche annuelle constante et hypothétique de cygnes « au bec jaune » mêlés au millier de cygnes tuberculés constamment en Dombes (au bec orange) est cette fois récompensée. Et pourtant les visiteurs ne se trouvent peut-être pas là où on les escomptait.

Cygne chanteur

Cygne chanteur : grand comme un Cygne tuberculé ; bec plus jaune que noir

Le groupe de cygnes sauvages (autre appellation du Cygne chanteur) arrive en Dombes aux environs de Noël selon la Fédération Départementale des Chasseurs de l’Ain.

Il se cantonne à la périphérie orientale du plateau : moins riche en étangs, ce secteur est moins fréquenté par les ornithologues qui localisent le groupe au cours de la 1ère semaine de janvier (Rémi Rufer). Les oiseaux pâturent sur une parcelle de colza sur la commune de la Tranclière : un comportement terrestre habituel pour cette espèce sur ses lieux d’hivernage. Ils y reçoivent un certain nombre de visites : en effet, à quelques kilomètres près, on n’est bien moins habitué à la présence du cygne qu’en Dombes centrale. La confusion avec le Cygne tuberculé est probable : à l’exception des naturalistes, peu de gens se promènent équipés de jumelles et par ailleurs qui penserait à un « autre » cygne ?

A ceci près qu’en Dombes, au contraire de nombreuses autres régions où il est impliqué dans des déprédations sur des parcelles cultivées, le Cygne tuberculé quitte rarement le domaine aquatique.

Le groupe se lève plutôt mollement au passage d'un engin agricole, et même à l’approche d'un couple bien intentionné venu leur donner du pain. Je tente d’éviter leur fuite par une intervention la plus discrète possible, quelques appels de la main par la fenêtre de mon véhicule. Et informe les visiteurs de la rareté de leur propre observation.

Cygnes tuberculés

Cygne tuberculé (commun) : grand, une silhouette typique, un bec orange vif avec une excroissance charnue à la base

Deux jours plus tard ils se trouvent en matinée sur un étang de Chalamont 11km au sud-ouest (Benmergui/ONCFS), et l’après-midi, km à l’est de l’étang se nourrissant sur un chaume de blé (Laporte & Dej/ONCFS, Guillaume Gayet). On peut encore les y observer au 12 janvier.

Entre le 21 et le 28 janvier ils sont cantonnés sur la limite communale séparant Chatenay de Villette-sur-Ain, sautant d'une parcelle de colza à l'étang gelé proche. Et puis ils disparaissent, retournés semble-t-il  vers des contrées éloignées où glaces et neiges auront perduré.

Cygnes chanteurs sur un étang dombiste gelé

Fin janvier, les cygnes sauvages alternent entre une parcelle cultivée et l'étang voisin gelé

Cygne chanteur et Cygne tuberculé sur un étang gelé

Cygne chanteur et Cygne tuberculé se cotoient à nouveau sur cet étang de Villette (Ain)

Mais là ne s'arrête pas cette chronique qui aura une suite inattendue.

Voici donc qu'un soir de juin 2011, le 7 exactement, je m'arrête sur un étang de Villette. Un couple de cygnes sommeille à proximité d'un distributeur de grains, sur la berge qui me fait face.

Couple de cygnes chanteurs

Deux cygnes se reposent sur la berge de l'étang...

Quoi de plus normal. Coup de jumelle balayant, semi-circulaire. Retour sur image : un doute. Les cygnes ne sont pas des "tuberculés" logiquement attendus ! Il s'agit bien de 2 cygnes chanteurs ! Plus insolite encore, un couple même, qui quittera sa berge, gagnant le centre de l’étang où il se gavera de potamot pectiné. Mieux, les cygnes vont parader, "chanter". Un indice de reproduction inédit sous nos climats.  Coup de fil à un ornithologue référent : Pierre Crouzier. Il  arrive un peu plus tard sur les lieux et assiste aux mêmes démonstrations. Nous ne trouvons pas de nid. Juin : c'est tard pourtant, et si nid il devait y avoir... Deux jours plus tard les oiseaux sont encore sur l'étang.

Les cygnes chanteurs paradent, dans l'Ain. En juin !!!

Deux cygnes chanteurs se nourrissent de potamot

Le couple de cygnes chanteurs se gavent de potamot pectiné

Mais ce sera la dernière observation les concernant. Avons-nous hâté leur départ, ou plutôt leur fuite ? Quel autre élément perturbateur sinon ce couple de cygnes, classiquement "tuberculé" cantonné - tardivement : subadultes , nidification échouée sur un autre site ? Un propriétaire d'étang aurait-il fait la différence entre ces oiseaux et un couple de cygnes tuberculés ? Quel lien entre ces cygnes chanteurs et ceux arrivés en Noël 2010... Sinon que l'étang où ils ont du se cantonner plusieurs semaines durant au moins avant qu'ils soient détectés n'est distant que de quelques centaines de mètres du lieu de leur dernière observation hivernale ?

20déc/10Off

Plantes invasives : La menace de la Jussie à grandes fleurs

La Jussie

En 1996, on découvrait dans le nord de la Dombes un étang recouvert dans sa totalité d’une formation végétale inconnue ici à l’état spontané. L’étang au premier regard, est paré d’une magnificence rare, totalement, densément fleuri, de fleurs entièrement jaune d’or, d’un feuillage d’un vert ciré, émeraude : il ne s'agissait ni du Rorippe aquatique Rorippa amphibia, ni de la Villarsie faux-nénuphar Nymphoides peltata, tous deux capables de s’étendre en de très vastes formations. Mais…

fleur de Jussie

Jussie, jolie fleur mais attention : fléau

On déchante très rapidement lorsque, identifiée, la plante se révèle être la Jussie à grandes fleurs Jussia grandiflora.

La Jussie est alors rapidement localisée sur quelques rares mares et plans d’eau privés, la plupart ne semblant pas connectés au réseau hydrographique principal. En 1997, elle décore un plan d’eau d’un établissement scolaire en centre Dombes, et un bassin privé du sud-est. En 2008, les bassins d’exposition d’une entreprise horticole du nord-ouest de la Dombes en sont envahis.

Un plan d'eau où on a introduit la jussie pour ses qualités décoratives

En Dombes , cela a peut-être commencé ainsi : par l'introduction de la Jussie pour ses qualités décoratives

On la connaît dans bien d’autres régions de France, depuis les marais et canaux méditerranéens jusque dans l’ouest et le centre de la France. Des dizaines d’étangs brennous sont étouffés par la densité de son emprise et son dynamisme racinaire. Sa prédominance sur les autres espèces est telle qu’elle envahit les milieux aquatiques, ne laissant aucune chance à la diversité végétale autochtone.

Le combat qui est mené dans ces régions inquiète la Dombes qui craint sa prolifération.

Celle-ci, étonnamment, mais heureusement, tarde.

Il faut attendre 2006 pour qu’un second étang dombiste soit contaminé. Il n’est pas situé sur une même ligne d’écoulement des eaux que le premier mais se révèle appartenir au même propriétaire. La lutte commence, alerte donnée conjointement par les services de l’état (l'ONCFS et le syndicat des exploitants d’étangs).

En 2008, un troisième grand étang, situé à 20 kilomètres plus au sud est touché par la peste végétale, alors que jusqu’ici essentiellement des petits plans d’eau étaient concernés. Depuis, plusieurs étangs ont été "contaminés".

Sur la Veyle, une des rivières principales qui traverse la Dombes du Sud vers le Nord-ouest pour se jeter dans la Saône, le syndicat mixte chargé du Contrat Rivière, lance une campagne d’arrachage. Car il n’y a pas d’autre moyen efficace connu actuellement de lutter contre cette plante invasive et qui menace les écosystèmes aquatiques :

Originaire du Brésil, la Jussie a été introduite dans notre pays au début du 19ème siècle afin d’agrémenter le Jardin des Plantes de Montpellier. De là, elle s’acclimata dans le sud de la France, avant de se disperser dans de nombreux pays européens.

Un arrêté du 2 mai 2007 du ministère de l'Agriculture et de la pêche interdit sur tout le territoire métropolitain, le colportage, la mise en vente, la vente, l'achat, l'utilisation ainsi que l'introduction dans le milieu naturel, volontaire, par négligence ou par imprudence de deux espèces de Jussie, Ludwigia peploides et Jussia grandiflora.

Etang envahi par la Jussie

Un étang envahi par la Jussie : elle a remplacé toute autre composante végétale autochtone

On comprend mieux le problème que constitue la Jussie, une fois que l'étang est vidangé

Une espèce appartenant à la même famille est au contraire protégée au niveau régional : il s’agit de la Ludwigie des marais Ludwigia palustris assez commune sur les étangs.

Ludwigie des marais

La Ludwigie des marais : occasionnellement, temporairement, lors de basses eaux, elle peut s'étendre sur un étang. Elle ne constitue pas un danger écologique pour la vie de l'étang

Ludwigie des marais

La fleur de la Ludwigie des marais est, à l'inverse de celle de la Jussie, minuscule, discrète et verte

La Jussie constitue une réelle menace pour l'ensemble de l'écosystème.

La Renouée du Japon

Toutefois de nombreux végétaux allochtones sont susceptibles de se révéler envahissants et de constituer un danger pour la biodiversité indigène. La Renouée du Japon Fallopia japonica est de ceux-ci. Elle est également présente en Dombes. Elle a essentiellement colonisé de nombreuses rivières du pays dont elle a étouffé la végétation rivulaire. L’Ain n’y échappe pas. Petite rivière de l’ouest du plateau, le Formans non plus. L'Association de Gestion et de Suivi Environnemental du bassin du Formans (AGESEF) a pris ce problème à bras le corps.

Feuilles et tiges florales de Renouée du Japon

La Renouée du Japon peut former de grands buissons dont il est difficile de se débarrasser

Si vous avez connaissance de la colonisation d'un terrain par ces végétaux, renseignez-vous sur les moyens de les éradiquer auprès des services compétents de l'Agriculture et de l'Environnement.

20déc/10Off

La végétation du centre de l’étang : les hydrophytes

Flottante, elle offre sans nul doute la palette aux accents les plus impressionnistes de tout le monde végétal aquatique. Ses formations se succèdent au fil des mois sur l’étang, le même ou bien un autre : à l’immaculé tapis de la Renoncule peltée Ranunculus peltatus, succède celui, rose gourmand de la Renouée amphibie Polygonum amphibium ou encore celui de la Villarsie Nymphoides peltata, aux feuilles d’un vert émeraude ciré et aux fleurs jaune vif. Plus rares ici sont le Nymphéa Nymphaea alba et le vrai Nénuphar Nuphar lutea. Les fleurs du premier, éclatées et blanches, semblent avoir été comme déposées sur les feuilles et l’eau. Celles du second, hésitent à s’épanouir, pudiques sphères jaunes à l’extrémité de leur pédoncule allongé.

Un étang ntièrement recouvert par la Renoncule peltée et détail de la fleur

Renoncule peltée (Ranunculus peltatus)

Villarsie faux-nénuphar

Villarsie faux-nénuphar

Tapis de Renouée amphibie sur un étang et photo de détail de l'inflorescence

La Renouée amphibie (Polygonum amphibium)

Vers la fin de l’été, des étangs entiers brunissent, comme atteints par la rouille, massivement, par la crainte, si peu souhaitée mais opiniâtrement récurrente...Châtaigne d’eau Trapa natans.

Sous la surface, la vie végétale est tout aussi riche, ou du moins devrait l’être. L’identification des végétaux y est souvent difficile : c’est essentiellement le domaine des potamots Potamogeton sp, de la Myriophylle en épis, des Characées. Leur développement n’est pas que subaquatique, et des espèces comme le Potamot noueux Potamogeton nodosus et le Potamot nageant Potamogeton natans étalent ostensiblement feuilles et inflorescences à la surface. La Myriophylle ne laissera apparaître que de minces épis rosissants, alors que la Cornifle (ou Cératophylle) Ceratophyllum demersum et les rugueuses Naïades Naias sp demeureront densément et subaquatiques.

Potamot nageant

Potamot nageant (Potamogeton natans)

Potamot luisant

Potamot luisant (Potamogeton lucens)

Myriophylle en épis : feuilles et détails de l'inflorescence

Myriophylle en épis (Myriophyllum spicatum)

Un mâle Nette rousse s'alimentant dans un herbier aquatique de surface

Les herbiers aquatiques : une importante ressource alimentaire pour les oiseaux, ici un mâle Nette rousse

La Châtaigne d’eau

Plus que tout autre macrophyte (plante aquatique) la Châtaigne d’eau, qui est une plante indigène est considérée comme une plaie, car son épais feuillage freine la pénétration de la lumière et gêne le développement des poissons. Aussi, est-elle à l’origine d’une autre pratique : le faucardage, un exercice mécanique consistant à limiter son emprise. Pour cela, on utilise une embarcation légère à moteur et fond plat, munie généralement de deux barres de coupe, une verticale, une horizontale. Cette méthode, est contraignante, fastidieuse même sur de grandes étendues. Son effet n’est pas probant sur le long terme, mais elle est actuellement, de loin préférable, à une lutte chimique, moins sélective et dont l’incidence sur la communauté végétale est plus douteuse[BM1] .

Etang entièrement couvert par la Châtaigne d'eau, de couleur poupre enfin d'été

Le tapis caractéristique pourpre de la Châtaigne d'eau (Trapa natans) en fin d'été

Cette régulation mécanique a l’avantage de pouvoir être ajustée aux zones colonisées par la Guifette moustac. C’est afin de protéger la reproduction de cet oiseau qu’il a souvent été proposé depuis 1994 aux gestionnaires d’étangs une indemnité permettant de compenser le manque à gagner occasionné par la conservation partielle du tapis végétal.

Faucardage en cours de Châtaigne d'eau

Le faucardage de la Châtaigne d'eau

La gestion des milieux végétaux qui accueillent les colonies de guifettes est prise automatiquement en compte par exemple par les mesures Natura 2000, ou dans certaines mesures dites aqua-environnementales. Ailleurs, et cela implique l’essentiel des colonies, aucune mesure de conservation n’entre en vigueur.

Guifette Moustac et Grèbe à cou noir

La Guifette moustac et le Grèbe à cou noir : deux hôtes typiques de la végétation du centre de l'étang


[BM1]voir un commentaire précédent : chaulage, etc….

20déc/10Off

S’il faut conclure

A sa façon, l’insondable histoire de l’évolution se répète donc au creux du pays de Dombes.

L’oiseau, comme la Vouivre tour à tour vénéneuse et enchanteresse, surgit de l’eau. De la Vouivre, il tient du reptile et cache son jeu. Seules ses pattes encore écailleuses trahissent sa maternité sulfureuse, mais il n’en a cure : courtes, il les tiendra sous l’eau, hautes, il les enduira de vase : en séchant la craquelure deviendra sa vraie nature…

"...Ses pattes encore écailleuses..."

"...La craquelure deviendra sa vraie nature..."

Il s’élève dans l’éther, abandonnant à son destin d’animal de ferme le « bec" [1] et le « panot »

La genèse de l’oiseau est, ici plus qu’ailleurs, l’histoire même de l’étang et du premier homme, sans pomme ni frusque, qui l’a modelé, si longtemps après les temps bibliques, et si loin de nous aussi.

Donc, l’oiseau serait d’argile.

D’une terre qui aurait échappé aux gestes d’amour de son créateur.

Comme elle, il s’épanouit en une foison inimaginable de masques aux couleurs du temps, de la forêt, de l’eau, de la terre et du feu.

Comme elle, il est fragile : une fois la vie l’ayant animé, son créateur craint de devoir n’y plus toucher par peur de rompre l’heureux enchantement.

Comme elle, encore fluide, glissant entre les doigts, il est alors impalpable, sauvage, rebelle.

Le sculpteur prend la mesure de sa responsabilité.

Il doit sans cesse composer avec ses enfants à l’adolescence des plus turbulentes. Il doit parfois affirmer son autorité auprès des plus rebelles ; il doit protéger de tous les ogres, le plus insignifiant de ses rejetons.

"...Le plus insignifiant de ses rejetons..."

Il sait qu’il ne doit pas les entraîner tous, sans distinction, sur le dédale de la plus obscure forêt : pour un seul d’entre eux, il ne peut se permettre, il n’en a plus le droit, de tous les perdre.

Les grands chantiers environnementaux en cours sont une opportunité pour la Dombes de conserver ce qui peut encore l’être, de retrouver ce qui n’y trouvait plus sa place, en tout cas ce qui la trouve péniblement ailleurs. Ils instaurent un dialogue, ou en restaurent l’habitude là où elle s’était quelque peu perdue.

Aujourd’hui 13 juin 2010 – mais chaque jour a un air de printemps - la Dombes est belle. Comme elle devrait toujours l’être. Une jonchaie à gauche, une vasière à droite de la chaussée qui sépare deux étangs.

"...Une vasière, un Tadorne de Belon..."

Sur la vasière, des échasses au nid, des vanneaux avec leurs poussins, qu’harcèle un couple de corneilles, inévitable. Quelques chevaliers, un Tadorne de Belon et une Spatule blanche. Nouvelle venue dans l’arche.

Un Héron cendré fait face à un autre, pourpré ; tous deux figés dans l’affût. Un Bihoreau passe en croassant. Une petite bande de guifettes passe, qu’annonce une série de cris brefs.

Une bande de guifettes...

Un chêne renvoie le chant de trois fauvettes, qui se répondent, compétiteurs sans animosité : celui de la bocagère Fauvette babillarde, celui de la forestière Fauvette à tête noire, celui, aigrelet, de la Fauvette grisette, oiseau des plaines buissonnantes.

La Dombes est ainsi, multiple.

Une Hypolaïs leur répond depuis le flanc ensoleillé d’une haie proche : il apporte une touche presque méditerranéenne à cet entrelacs sonore.

"...Une Hypolaïs leur répond..."

De la jonchaie, s’élèvent successivement l’appel strident et colérique du Râle d’eau, puis le roucoulement mélancolique d’une Poule d’eau.

Poule d'eau

Le petit peuple chante à tout crin depuis les saules : Bruant des roseaux, Phragmite des joncs et locustelles… Une dizaine de mâles milouins énamourés poursuivent une femelle, séparant au passage un couple de nettes rousses, indifférent.

La roselière, et ses voix, et ses senteurs, manquent au décor.

"...La roselière manque au décor..."

Qu’à cela ne tienne, allons les trouver !

La Dombes est belle. Elle montre ce qu’elle a de plus précieux. Elle donne le change dans un élan d’espoir matinal.

Elle sait surprendre, encore, par sa variété, sa munificence, sa générosité.

Partageons le rêve d’Alembert [2], et faisons en sorte, qu’au réveil, ce rêve continue :

Le prodige, c’est la vie, c’est la sensibilité ; et ce prodige n’en est plus un...Lorsque j’ai vu la matière inerte passer à l’état sensible, rien ne doit plus m’étonner. Quelle comparaison d’un petit nombre d’éléments mis en fermentation dans le creux de ma main, et de ce réservoir immense d’éléments divers épars dans les entrailles de la terre, à sa surface, au sein des mers, dans le vague des airs !




  1. Le « bec » est l’appellation locale du brochet, le « panot » celle de la jeune carpe []
  2. DIDEROT, le rêve d’Alembert, 1769 []
20déc/10Off

Relictes voisines : l’Outarde canepetière et le Râle de genêts

Directive Oiseaux

Il émane d’un choix qui peut sembler insolite de rendre hommage aux oiseaux dombistes en concluant ce propos avec deux espèces qui ne le sont pas, et qui pourtant prendront ici valeur de symboles : l’Outarde canepetière Tetrax tetrax et le Râle des genêts Crex crex.

Tous deux subsistent, à la limite de l’extinction, après avoir été communs dans deux des régions qui encadrent le plateau. Tous deux, et dès lors plus rien n’est censé étonner, sont inféodés à l’Herbe : steppe graminacée pour la 1ère, prairie alluviale pour le second. Autre point commun, malgré leur éloignement morphologique, tous deux sont cousins : ils appartiennent au même ordre systématique que celui de la Grue cendrée, celui des Gruiformes. Un bel exemple de divergence évolutive.

L'Outarde canepetière

Râle des genêts

Dans la Plaine de l’Ain, la canepetière enchantait les soirées de juin de ses appels roulés et de ses vols nuptiaux, cinglants et sifflants, jusque vers la fin des années 80. Elle était le chef de file d’un singulier cortège faunistique, comprenant entre autres, le Busard cendré et l’Œdicnème criard Burhinus œdicnemus, le Bruant proyer, le Tarier pâtre et la Caille des blés. Toutes ces espèces lui ont survécu, à des degrés de présence divers.

L'Oedicnème criard : un limicole qui se reproduit très localement en Dombes

Le Tarier pâtre : un passereau coloré des landes buissonnantes : il régresse en Dombes

Le Râle de genêts survit comme il peut dans les longues prairies inondables qui bordent la Saône. Il a niché autrefois, là où s’étendait le Marais des Echets. Malgré la succession de mesures de conservation de son habitat (une fauche retardée de quelques prairies autorisant un cycle de reproduction complet) mises en œuvre depuis le milieu des années 90, on peut difficilement lui prédire un avenir radieux.

Mieux lotis parce que moins exigeants, les courlis cendrés semblent au contraire prospérer.

Tarier des prés, femelle

Avec le Râle des genêts, ils dominent tout une communauté où figurent en bonnes places le Tarier des prés et la Bergeronnette printanière ou encore le Bruant proyer.

Courlis cendré

Il faut avoir fait l’expérience d’une nuit passée dans la prairie à l’écoute de l’appel du Râle, prenant faute d’être mélodieux. D’abord noyé dans le concert de la prairie, il en émerge peu à peu, lorsque l’intensité de celui-ci décroît. Sans être le seul, il devient le seul que l’on entend : c’est l’instant où les dernières lueurs fauves de l’Occident modèlent le sommet des buissons de saules dressés tout au long des fossés qui drainent la prairie. Ce n’est que bien plus tard, lorsque les prémices d’un jour neuf couchent une herbe alourdie par la masse enveloppante d’une brume ondulante que le Râle se tait. Ou que le débordement sonore d’un monde grouillant à nouveau le submerge.

L'heure du Râle

Oubliés, les lueurs de Mâcon toute proche, le grondement du dernier TGV, le roulement ininterrompu de l’autoroute A40. Ignoré le tonnerre des avions de chasse snobant le couloir vert et –surtout- désert de la vallée. Ignorée également, l’averse orageuse traditionnelle en cette fin juin, sans laquelle le chant du Râle n’aurait plus la même saveur, la même odeur, le même son.

Le Râle de genêts et la canepetière ont aussi en commun (on pourrait ajouter à ce groupe le Blongios nain) ce type de chant, bref, répétitif à l’infini, infatigablement émis à intervalles réguliers, sans musicalité, mais incroyablement envoûtants. On ne saura jamais s’il est puissant ou faible. Il se laisse porter à des distances incroyables par la moindre brise. Une autre, de direction contraire, l’étouffe sur quelques mètres.

Où ils vivaient, les bouleversements furent trop rapides, anticipèrent de bien trop loin, l’intérêt que l’on allait un jour devoir leur porter.

Les options choisies, qui ont contribué à la transfiguration des grands écosystèmes de plaine, entre implantations industrielles et monocultures céréalières ne laissent aucun doute sur l’origine de la régression des peuplements animaux et végétaux.

Il en va autrement de l’évolution de la prairie, plus insidieuse. Lorsqu’elle domine encore l’écosystème, et c’est le cas dans la vallée alluviale de la Saône, c’est dans son cycle d’exploitation que les modifications sont sensibles : exploitée plus intensivement, ainsi qu’il l’a été écrit plus haut, les oiseaux n’ont plus le temps de s’y reproduire.

La Canepetière était localement condamnée, pratiquement disparue avant l’émergence récente de la Conscience Environnementale.

Du Râle de genêts, il ne reste au début des années 2000 que quelques dizaines d’oiseaux dans le Val de Saône : sa chance de pérennité sera peut-être dans les nouvelles dispositions, dites « mesures compensatoires » qui prévoient, pour chaque nouvelle emprise urbaine sur ses prairies, de reconstituer ailleurs, et pour une durée significative, des milieux favorables à l’espèce

Dans d’autres régions que la nôtre, ils constituent encore des enjeux qui doivent rester à l’esprit du décideur lorsqu’il aura charge de définir ses priorités : dans moins de 10 années, l’un de ces deux oiseaux prestigieux aura peut-être disparu….

Le Râle des genêts

L'Outarde canepetière